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Opinion/Au Sénégal, la violence n’a pas sa place dans l’islam

Birame Waltako Ndiaye
On n’en est là, à aménager un espace de cohabitation entre la liberté d’expression et les licences de conservation. Imam Ababacar Sall en a fait les frais. Politiquement correct, il a dit ce qui fait en sorte qu’il ne célèbre pas le gamou, mais il pointe du doigt l’ « écart » des fidèles, par ricochet. C’est aussi de la violence, car ses propos choquent des croyants et défigurent leurs représentations. De la même manière, ceux-là qui lui répondent par une niaiseuse violence physique s’arrogent indûment un droit qui, pourtant, ne doit être exercé légalement et durablement que par l’autorité publique. Malheureusement, les élus semblent le concéder à tout porteur improvisé de vacarme et de voix.

La brutalité de ceux qui remettent en cause les pratiques confrériques se bute sur une riposte tout aussi violente de la part des disciples. Jusque là, les positions et les arguments en faveur ou contre les agissements des uns et des autres s’articulent autour des principes de la laïcité républicaine qui prônent du moins l’indifférence sinon le dédain vis-à-vis des autres. Parce que cette forme de laïcité nous a été prescrite et ingérée et parce qu’elle contraste avec nos besoins d’autodétermination et d’authenticité, elle ne peut convenir à notre niveau d’organisation et d’ordre inédit.

« La violence est une action par laquelle la personne tente d’établir un rapport de force avec une autre personne. La violence ne donne pas d’importance aux besoins et aux émotions de l’autre. » Notre laïcité repensée doit être modelée à l’image des exigences essentielles de respect et de retenue. Le fondamentalisme laïc importé de toute pièce en vient à nous opposer les uns aux autres. Il met les charrues agencées depuis l’hexagone devant les bruts bœufs dominants; il répand aveuglément des libertés railleuses de convictions et d’aisances anciennes. Simplet aménagement maniaque de libertinage alors que nous devrions en être au calibrage minutieux par utilité et pour l’unité nationale.

Ce plaquage draine son lot de perte de sécurité et de puissance et sème la confusion puis la violence. C’est aussi les mêmes activistes qui revendiquent des droits démocratiques de musulmans majoritaires qui subissent les inconvénients mécaniques de minorité-hors-confrérie. D’un autre côté, ceux qui exigent considération pour leur contribution en impôt et en nombre nient souvent aux autres le droit de revendiquer rationalité et équité dans les dépenses publiques. Certes, nos marabouts sont privilégiés. Mais qu’est-ce que le Sénégal deviendrait sans la contribution rentable de ces derniers à la paix sociale et contre les tendances actuelles au djihadisme? Il faut dans bien des cas et particulièrement dans le nôtre voir le verre à moitié plein.

Au président de la république qui promet protection à l’ « islam sénégalais », il faut dire qu’il ne s’agit pas de défendre les confréries contre d’autres spécimens sénégalais. Il faut davantage cultiver le respect et la retenue des citoyens vis-à-vis de toutes les sensibilités religieuses. Il revient à la puissance publique de s’affirmer en unique gendarme et en s’emparant exclusivement de l’exercice de la violence légitime. Autant il faut combattre la grossièreté des dissidents qui critiquent des pratiques ancrées et approuvées, autant il faut réprimer la férocité des exaltés qui s’en prennent physiquement à des compatriotes, seraient-ils fautifs.

« Et puis, quiconque Allah veut guider, Il lui ouvre la poitrine à l’Islam. Et quiconque Il veut égarer, Il rend sa poitrine étroite et gênée, comme s’il s’efforçait de monter au ciel. » Qu’il soit préconisé et permis à tout quidam de dire sans malveillance : « en attendant que je sois instruit » ou encore : « après tout, je dois ménager la susceptibilité des mes frères et sœurs sénégalais. Ainsi soit-il.

Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com

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