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Au Togo, le couvre-feu est plus dangereux que la Covid-19

Un mort et des blessés. C’est le relevé macabre de la force anti-pandémie décrétée par Faure Gnassingbé 1er avril dernier. Un bilan qui suscite de vives contestations au sein de la population.

Le mercredi le 15 avril 2020, le journaliste Michel Akoete a fait les frais de la force anti-pandémie. Son malheur est d’être sorti de sa maison pour se soulager. Selon son récit, il n’eut pas le temps d’uriner que les forces de l’ordre se défoulèrent sur lui. Ils le rouèrent de coups. Le journaliste s’en est sorti avec des hématomes sur des parties de son corps. Un jour plutôt, c’est-à-dire, le 14 avril, un jeune homme de 22 ans a été battu à mort par les éléments de la force anti-pandémie. Selon les informations, il revenait de Sanguera, une banlieue nord-ouest de Lomé et regagnait son domicile. Le jeune homme fut pris par le couvre-feu et les forces de l’ordre n’ont pas usé de mains molles à son égard. Selon toujours les informations, son testicule a éclaté lors de la bastonnade. Le jeune malheureux perdit la vie sur le coup. Sa disparition suscite beaucoup d’indignations. Bien avant ce drame, une vieille femme de 70 ans a été violentée par la force anti-pandémie.

Ces relevés d’actes commis par la force anti-pandémie, montrent qu’au Togo, chaque jour apporte son lot de malheurs commis par les forces de l’ordre. Une dérive qui inquiète. Car, les Togolais ont le sentiment d’avoir à faire avec une force brutale plutôt qu’au Covid-19. Les agissements des corps habillés étonnent à tel point que certains se demandent s’ils ne font que respecter la consigne qui leur a été donnée. Ces derniers étayent leurs arguments en s’appuyant sur une sortie de Yark Damehame, le ministre de la Sécurité et de la Protection civile, au soir du décret portant la mise en place de la force anti-pandémie. Sur la télévision nationale togolaise, il avait laissé entendre que « S’il y a des récalcitrants on fera tout pour les mettre dans les rangs ». Le lendemain, soit 02 avril dernier, un jeune homme eut le malheur de tomber sur la force anti-pandémie. Il fut complètement défiguré. Ses vêtements étaient maculés de sang. Son témoignage, viral sur les réseaux sociaux, a suscité colère et indignation.

Suite au tollé général suscité par le traitement inhumé infligé au jeune homme, le ministère de la Sécurité et de la Protection civile a promptement réagi par le biais d’un communiqué. «Aucun cas de voies de fait sur un quelconque citoyen ne restera impuni », a déclaré Yark Damehame. Et pourtant. Plus les jours passent, plus la force anti-pandémie sème la terreur et fait des victimes. « Il est impérieux de s’assurer que les agents déployés maîtrisent le contexte actuel et prennent conscience que la gravité des écarts dont ils seront responsables pourraient constituer des risques de contamination », a mis en garde le Collectif des associations contre l’impunité au Togo (CACIT). Mais au regard des faits, il faut plus pour dissuader la force anti-pandémie composée de cinq (05) mille hommes dans sa dérive meurtrière et répressive. Sinon, elle pourrait dépasser le Covid-19 en termes de victimes. Selon les chiffres officiels, le coronavirus a déjà fait 5 morts au Togo.

Par Anani GALLEY, correspondant au Togo

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