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Haïti : Le CODIV-19 aux antipodes de la réalité haïtienne

Arrivé en pleine crise politique, économique et sociale, le coronavirus vient d’augmenter la panique qui battait déjà son plein au sein de la société haïtienne. Avec seulement huit cas officiellement déclaré, le gouvernement s’empresse de demander aux citoyens d’être plus vigilants dans le vrai sens du terme. Certaines entreprises ferment déjà leurs portes. D’autres réduisent les heures de travaux habituels. Cependant, le secteur informel, qui représente le moteur de l’économie haïtienne tarde à suivre.

En effet, les marchands ambulants vivent au quotidien. Dans une telle réalité, le confinement se fera accompagner par la faim et la misère. A cet égard, ces marchands ne peuvent pas rester chez eux. Ils ont des bouches à nourrir. « J’ai quatre enfants. Je dois les nourrir. Je n’ai pas un salaire mensuel, l’Etat s’en fout pas mal. Je suis prête à mourir dans les rues par le corona que de rester mourir chez moi par la faim » relate une marchande de viande au marché de la Croix des Missions.

Ce monsieur, -marchand de vêtements- en houspillant le gouvernement explique que l’Etat ne peut pas lui dire quoi faire. Pour lui, un Etat irresponsable qui ne soucie pas du bien-être de sa population ne peut donner l’ordre. « L’Etat ignore mon existence. Il sait que je suis vivant seulement en période électoral. Après quoi c’est à moi de me débrouiller d’assurer ma survie ».

Depuis après l’annonce officielle du président le 19 mars dernier annonçant la fermeture des parcs industriels, des églises, des écoles etc., le système banquier suit à sa façon la logique en réduisant les heures de travail de ses employés. Cependant, le plus dur reste à faire. Car, les marchés publics dépourvus de toute infrastructure sanitaire fonctionnent normalement. Ce qui du coup augmente le risque de contamination dans ces lieux de rassemblent par excellence. Ces gens n’ont pas d’autres recours et ils sont en grandes majorités pères et mères de famille.

Hormis les marchands de rue, l’un des plus grands dangers auquel fait face la population haïtienne, c’est le transport en commun. Une chose qui témoigne d’une promiscuité sans qualificatif et qui peut traîner plusieurs victimes à son actif. Pourtant, les chauffeurs fonctionnent comme à l’ordinaire. Les passagers font preuve d’une naïveté sans précédent. Quant aux autorités, ils restent bras croisés. Dit autrement, un tel danger, aussi imminent que cela puisse paraître n’attire l’attention de personne.

Que décidera le gouvernement dans les prochains jours ? Aura-t-il la capacité de forcer les gens à rester chez eux ou va-t-il les accompagner ? Certains présagent déjà qu’il ne peut pas, Car, après la fermeture que connait le pays l’année dernière (le phénomène pays lock), l’État n’a pas de grand moyen pour venir en aide à la population.

Par Mackenson PIERRE LOUIS, correspondant en Haiti

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