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Le Sénégal: un géant démocratique en Afrique aux pieds d’argile?

Les aspects socio-historiques expliqueraient l’exception démocratique sénégalaise en Afrique, même si la constitution du Sénégal donne encore plus de pouvoir au président de la République, selon les points de vue de deux spécialistes. Ils intervenaient lors d’une conférence intitulée Gouvernance et stabilité du Sénégal par rapport à la sous-région, organisée le 6 avril passé au centre communautaire 6767 cotes des neiges.

Le professeur invité à l’université de Montréal(UdeM), M. Mor Dieng, et le membre de l’association canadienne des sciences politiques et de la société québécoise des sciences publiques, Pathé Gueye ont expliqué tour à tour les caractéristiques de la démocratie sénégalaise par rapport à l’Afrique en général et par rapport à l’Afrique de l’ouest en particulier, lors de la conférence organisée par le Regroupement général des Sénégalais du Canada (RGSC).

Les éléments-clés de la démocratie sénégalaise

Le Sénégal est souvent cité comme un pays exceptionnel quand on parle de démocratie africaine. Cette ancienne colonie française est présentée par certains spécialistes comme un «oasis démocratique» en Afrique. Et les fondements de cette démocratie ont été largement présentés lors de la conférence.  Nous allons évoquer quelques exemples.

Le Sénégal a une longue tradition de la vie politique. Pour souligner les racines de la démocratie de ce pays de l’Afrique de l’ouest, M. Gueye parle «d’une culture d’implication politique assez poussée depuis la période coloniale». En effet, en 1914, le premier député  africain à siéger au palais Bourbon en France fut un Sénégalais dénommé Blaise Diagne. En cette époque-là, les habitants des quatre communes du Sénégal (Dakar, Saint-Louis, Gorée et Rufisque) bénéficiaient du statut de citoyens français. Du coup, ils pouvaient voter.

Le pluralisme  des partis politiques instauré depuis 1974 a été aussi cité comme exemple. En 2012, il y avait 173 partis politiques  dans cette ancienne colonie française.   Le Sénégal est l’un des rares pays d’Afrique qui n’a jamais connu de coup d’État. Depuis 1960 (date son indépendance) à nos jours, le pays a connu quatre présidents: Léopold Sédar Senghor , Abdou Diouf,  Abdoulaye Wade et Macky Sall.

De 1945 à nos jours, il y a eu 400 coups d’États réussis, planifiés, présumés en Afrique. Et la plupart d’entre eux ont eu lieu en Afrique de l’ouest, la Guinée Bissau pays frontalier du Sénégal étant battu le record en ce moment, selon M. Dieng.

Il y a aussi la constitution sénégalaise de 1963 qui a posé les jalons d’un système démocratique comme le stipule l’article 1 cité par M. Gueye « La République du Sénégal est laïque, démocratique et sociale. Elle assure l’égalité  devant la loi de tous les citoyens sans distinction d’origine, de race, de sexe, de religion et respecte toutes les croyances».

La culture syndicale qui date, elle aussi, de l’époque coloniale vient allonger la liste des éléments évoqués. À titre d’exemple, M. Dieng a cité le mouvement syndicale le plus connu à l’époque: l’Association des cheminots africains qui a vu le jour en 1926. Il a affirmé que 42 syndicats avaient été recensés en 1947 en Afrique occidentale française (AOF) et que la plupart d’entre eux étaient basés à Dakar, capitale du Sénégal.

Le géant aux pieds d’argile

Dieng La démocratie sénégalaise a souffert d’un manque d’alternance politique de 1960 à 2000. «Après 40 ans d’apprentissage de la démocratie, il n’y a jamais eu de transition démocratique, de changement de majorité au pouvoir», a précisé M. Dieng.  Cette réalité a fait dire à Christian Coulon que «le Sénégal était une semi-démocratie», selon le professeur invité à l’UdeM.

Rappelons qu’il y a eu un changement de président en 1981, Abdou Diouf succédant à Léopold Sédar Senghor. Mais le président Senghor avait passé le pouvoir sans élections et s’était retiré de la vie politique. En 2000, après des élections libres et transparentes, M. Abdoulaye Wade succède au président Abdou Diouf. En 2012, M. Macky Sall succède au chef de l’État Abdoulaye Wade.

M. Dieng  a évoqué aussi les pleins pouvoirs que la constitution du Sénégal donne au président depuis 1963. Ni l’Assemblée nationale, ni le Conseil constitutionnel ne disposent de marches de manœuvre pour contrer le Chef de l’État, la plupart des députés étant juste là pour répondre aux exigences du parti au pouvoir plutôt que de représenter le peuple, selon lui. Pour le Conseil constitutionnel, le professeur invité à l’UdeM a affirmé que les sages sont élus par le président de la République.

L’instabilité constitutionnelle est aussi une réalité sénégalaise. Plusieurs modifications ont été apportées à la constitution depuis 1963 parfois à des fins politiques, selon M. Dieng.

Comparé à certains pays en Afrique, le Sénégal fait figure de grande démocratie, même si du chemin reste à faire en matière d’indépendance de la justice, du respect de la liberté d’expression et d’opinion, etc.

 

Informations: Journée du Sénégal à Pincourt,  225 Boulevard Pincourt École du Chênes bleu vendredi 25 avril (aujourdhui) 18h30

Samedi 26 avril 19h30: Soirée bénéfice: Concert Pape et Cheikh  1182 boulevard Saint-Laurent Montréal: Billet: prévente 45$ et 60$ à la porte.

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