Muhammadu Buhari avait promis de faire décoller l’agriculture nigériane : bilan à l’arrivée
Arrivé à la tête du Nigéria, le 25 mai 2015, Muhammadu Buhari avait décidé de faire de l’agriculture une priorité durant son mandat. Son ambition était d’accroître la production agricole afin d’atteindre non seulement l’autosuffisance mais aussi de développer les exportations. 4 ans plus tard, le pays le plus peuplé d’Afrique ne parvient toujours pas à se nourrir et continue d’importer à grand frais.
Pour réaliser ses ambitions, le nouveau président n’a pas hésité à augmenter le budget consacré au secteur agricole qui est passé de 76,7 milliards de nairas en 2016, à 92 milliards de nairas en 2017, puis à 119 milliards de nairas en 2018 (1000 nairas = 2,75$). Ces mesures ont permis une augmentation de la contribution de l’agriculture dans la formation du PIB. Elle est passé de 23,1% en 2015 à 25,1% en 2017, selon la Banque mondiale.
Déficit d’engrais
L’un des défis auquel a été confronté l’équipe Buhari était l’approvisionnement des agriculteurs en engrais. Filière hautement nébuleuse, les engrais ont résisté à différentes tentatives de réformes qui ont toutes plus ou moins échoué.
Certes, dans ce secteur, la nouvelle administration a connu quelques succès. Ainsi, elle a réhabilité 11 usines dans le cadre de l’initiative présidentielle sur les engrais (PFI), lancée en décembre 2016.
En outre, le pays est devenu un exportateur net d’urée grâce au producteur Indorama Eleme Fertilizers & Chemicals Ltd (IEFCL), l’un des principaux fournisseurs d’engrais du Nigéria.
Second importateur de riz de la planète
Un autre chantier auquel s’est attaqué le gouvernement est le riz. Dans la filière qui poursuit l’autosuffisance depuis une dizaine d’années, l’exécutif a misé comme les précédents régimes pour une politique protectionniste qui encourageait la production locale. Celle-ci portait surtout sur une augmentation des droits de douane à l’importation (60%) et sur un soutien financier aux exploitants.
Cette stratégie n’a pas cependant porté ses fruits. La production ne couvre que la moitié des besoins et le pays demeure second importateur de riz de la planète derrière la Chine. La faute notamment un système informel d’approvisionnement en riz depuis le port de Cotonou, du Bénin, qui affecte la compétitivité du riz local. A cela s’ajoute, la faible participation du secteur privé dans la chaîne de valeur du riz, l’utilisation de semences à faible rendements et le manque d’infrastructures.
Dans les filières blé et sucre où le gouvernement s’est aussi engagé à réduire les importations et augmenter la production, les résultats manquent à l’appel. D’une part, les importations de blé ont explosé. Le pays a acheté en 2017 du blé pour 4,4 milliards $ et la récolte reste marginale à 60 000 tonnes par an. D’autre part, la production de sucre stagne à 80 000 tonnes et le pays consacre annuellement environ 100 millions $ aux importations de ce produit (majoritairement du sucre brut depuis le Brésil).
Pour sa part, la filière cacao n’a pas bénéficier d’une grande attention de la part du gouvernement. Elle est restée orpheline des investissements publics et peine à décoller. La croissance de la production est limitée, passant de 200 000 tonnes en 2015/2016 à seulement 240 000 tonnes en 2017/2018. La filière souffre de nombreux maux comme le vieillissement du verger et le manque de coordination entre les secteurs privé et public.
Source: Agence Ecofin
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