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Entretien avec Djely Tapa, qui lance l’album Barokan vendredi le 18 janvier au Ministère

Djely Tapa, crédit photo: Nuits d'Afrique


Rencontrée vendredi le 11 janvier au Club Balattou, l’auteure-compositrice-interprète Djely Tapa nous parle de ce premier album solo. Celle qui envoûte le public montréalais grâce à des projets afro-électro comme Afrikana Soul Sister, qui fait retentir avec Barokan un chant de libération pour la femme et pour l’Afrique.

Vous lancez le 18 janvier l’album Barokan. Pouvez-vous nous parler de ce que représente cet album dans votre parcours artistique?

Barokan, c’est le résultat d’un très long travail et de l’expérience que j’ai acquise durant des années de collaboration avec divers artistes. C’est aussi le fruit de l’héritage musical, de l’héritage traditionnel que je porte et de son enrichissement après des années de travail sur la scène canadienne, québécoise.

Comment le titre Barokan évoque-t-il pour vous l’émancipation féminine?

Ce que signifie le mot barokan, c’est le son de la causerie, c’est-à-dire la communication. Je suis née au Mali et je parle de la femme noire en général. Dans le clip Barokan, la représentation d’une reine imaginaire évoque la force, la beauté, la féminité et l’élégance de la femme, et en particulier de la femme noire. Nous avons fait une mise en scène qui s’inspire des femmes bororos. Les Bororos appartiennent aux Peuls, il s’agit d’un peuple qui a un grand sens du mouvement. Quand j’étais en Afrique, je voyais les femmes bororos voyager avec leurs enfants et faire du commerce, vendre des médicaments, des potions. Je les trouvais belles, intelligentes et entreprenantes. Au moment où j’arrivais à l’âge adulte, je me suis identifiée à ces femmes-là. J’ai appris en faisant des recherches que dans cette culture, les femmes choisissent elles-mêmes leurs maris. Il existe un rituel de danse où les hommes paradent devant les femmes et on a fait un clin d’œil à ce rituel dans le clip. Je veux rappeler à la femme noire ces traditions et envoyer un message de confiance, d’émancipation. Les traditions et les valeurs de liberté, cela ne vient pas seulement de l’Occident. Avec la figure de la reine, je veux dire que lorsque la femme prend le pouvoir le monde se porte mieux. Je suis féministe et ce message rejoint aussi l’affirmation des femmes au Québec.

Vous êtes connue sous le nom d’artiste Djely Tapa. Pourquoi avoir choisi ce nom qui évoque la tradition des griots?

Je viens d’une famille de griots, qui compte des grandes voix de la musique mandingue. Ma mère, Kandia Kouyaté est une cantatrice d’envergure. Cela dit, j’ai fait mes classes et j’ai suivi mon chemin pour trouver mon identité comme artiste. Djely veut dire sang en bambara ou en malinké. Le djely est pour le corps social ce que le sang est pour le corps humain, il nourrit et lie tous les secteurs de la société. Je préfère ce terme à celui de griot, qu’on utilise en français et qui veut simplement dire passeur. Pour mieux définir qui nous sommes, j’aimerais qu’on trouve un jour djely au lieu de griot dans le Larousse.

On vous décrit parfois comme une artiste afrofuturiste. Qu’est-ce que cela signifie à vos yeux?

Ma mère avait comme vision de fusionner la musique mandingue avec la musique contemporaine, elle intégrait le violon et d’autres instruments. J’ai voulu continuer ce qu’elle a fait en intégrant diverses influences de même que la musique électronique. Quand je puise dans mes cultures et mes racines, je le fais en pensant à l’avenir. Que ce soit au plan climatique ou culturel, on se demande aujourd’hui comment assurer l’avenir de nos enfants. Je perpétue certaines traditions parce selon moi, l’avenir ce n’est pas de ressembler à l’autre. Je suis africaniste et je pense en-dehors des frontières. Le combat du Mali, c’est aussi le combat du Sénégal ou de la Côte d’Ivoire. Je veux contribuer avec mon bagage malien à l’avenir et à la richesse de ce beau continent.

Voudriez-vous nous parler de votre collaboration avec Afrotronix?

Caleb Rimtobaye, d’Afrotronix a fait la réalisation de l’album. C’est sûr et certain qu’avec Afrotronix, nous sommes dans les tendances afro-électro, tout comme je le suis avec Afrikana Soul Sister. Nous avons une vision commune de l’avenir de nos cultures, de l’art africain et de l’Afrique.

Quelle est votre relation avec Nuits d’Afrique?

Je suis née avec Nuits d’Afrique. Ils m’ont offert ma première scène, au Club Balattou et j’ai été si bien accueillie qu’on m’a dit « Maintenant, Montréal a sa griotte! » Tout au long des dernières années, l’équipe a été là pour me soutenir. De festival en festival, j’ai fait ma place auprès du public. Aujourd’hui, c’est avec les Productions Nuits d’Afrique que je lance l’album Barokan.

Comment abordez-vous l’année 2019?

Je reviens du Mali, où j’ai voulu faire écouter l’album à la famille. On prépare une tournée européenne et on espère aussi sillonner le Canada.

Propos recueillis par Alexis Lapointe

DJELY TAPA Barokan (clip officiel), lancement le 18 janvier à 21h au Ministère 4521 Boul St-Laurent, Montréal.

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