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Madjid de Zebda: «la chanson Tomber la chemise nous a fait gagner beaucoup d’argent»

Avec la même énergie et le même dynamisme d’il y a 20 ans, le groupe français d’origine algérienne, Zebda, revient enflammer la scène montréalaise, en ouvrant le festival Nuits d’Afrique à Métropolis le 7 juillet dernier. Dans les coulisses, nous avons approché le très sympathique Madjid, l’un des membres du groupe. Voici l’entrevue.

Souad Belkacem : Vous êtes un groupe français d’influences diverses. Comment décrivez-vous la musique de Zebda ? Un panaché de rock, de pop, d’oriental et parfois de reggae?

Madjid
: Vous venez de le dire, notre musique est une sorte de panaché de plusieurs musiques occidentales avec une tonalité orientale. Au début de notre carrière, nous faisions des reprises de plusieurs morceaux de rock. Je dirai que le rock est la base commune du groupe. Et, comme nous formions un groupe dont les membres étaient de cultures différentes, notamment algérien kabyle, italien, français, il fallait embrasser toutes ces cultures et faire sortir un style. Pour résumer notre style de musique, j’énumérerai trois aspects : l’école clash, une dynamique rock et une tonalité méditerranéenne algérienne, puisque nous sommes originaires de ce pays.

Zebda veut dire beurre en arabe. Est-ce vous vouliez faire allusion aux « beurres », un terme qui désigne les descendants des immigrants d’Afrique du nord en France?

Au début de notre carrière, dans les années 80, nous sommes montés à Paris où il y avait une marche des immigrants. Dans cette ville, on nous demandait si on était des beurres. Nous avons pensé à ce terme, d’où Zebda qui signifie effectivement beurre en arabe algérien. Soyez sure, nous ne pensions pas à la margarine ! (rire).

Zebda est un groupe engagé et lorsqu’on est engagé c’est pour des causes. Quelle est ou quelles sont les cause(s)que vous défendez?

La plus importante cause était le fait de voir nos parents baisser la tête et raser les murs en France. Nous, les plus jeunes nous nous demandions pourquoi nos ascendants nous répétaient souvent qu’on n’était pas chez nous, alors qu’on se sentait chez nous, d’où la chanson « On est chez nous partout ». Je ne suis pas blanc, je ne suis pas catholique certes mais je suis français. C’est cette cause là que nous revendiquions et que nous revendiquons toujours.

Vous étiez très actifs de 1990 à 2003, année de la séparation du groupe. Que s’est-il passé durant cette pause et comment la reprise s’est-elle passée en 2008?

Tout n’est pas toujours rose. Il y a eu des années de brouillard, durant lesquelles nous voyions nos salles vides. Lorsque le succès était là, je ne vous cache pas qu’on était éreintés. Il nous fallait une pause pour reprendre d’aplomb. Et la chanson « Tomber la chemise » nous a fait gagner beaucoup d’argent mais surtout nous a offert le temps de la pause consacré à la création.

Justement, « Tomber la chemise » a été sélectionnée meilleure chanson en 2000, aux Victoires de la musique. Ce morceau culte vous a fait élire « Meilleur groupe ». Vous attendiez-vous à un tel succès?

Je qualifierai « Tomber la chemise » comme un accident industriel. Cette chanson se voulait engagée de par son discours qui parle des enfants de la cité-jeunes défavorisés de France. Il se trouve que l’aspect festif l’a emporté. Elle a été tellement médiatisée qu’elle s’est désengagée d’elle-même et c’est dommage.


Pensez-vous que c’est l’une des raisons qui ont fait que l’album « Essence ordinaire », dont fait partie « Tomber le chemise » soit critiqué à cette époque?

Être engagé rime mal avec succès. En ayant un succès commercial, beaucoup de monde pensait qu’on s’était désengagé. Mais on ne choisit pas le succès et lorsque celui-ci pointe son nez, les gens engagés pensent que vous trahissez la cause. D’où les critiques de l’album, à cette époque.


Quels sont vos projets après votre visite au Québec?

Pour le moment, nous fonctionnons au jour le jour. Tant qu’il y a de l’énergie, on ne s’arrêtera pas (Sourire).


Propos recueillis par Souad Belkacem

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