Le Sénégalais Chams Diagne lance Talent2Africa, un réseau social de recrutement
Toujours bien droit, le regard posé et l’expression sereine de celui qui sait où il va. La pluie froide installée sur Paris début juin n’abîme en rien le costume d’entrepreneur de Chams Diagne. Le Sénégalais est de passage dans la capitale parisienne pour y lancer son nouveau bébé : Talent2Africa, un « réseau africain de cooptation », comme l’indique son site internet ouvert au public en mai.
200 000 usagers au moins d’ici 5 ans
Sur ce réseau, on n’est pas « Twitto » ou « Youtuber », mais « coopteur » : on recommande un contact (ami, collègue, camarade de promo, parent) dont on pense que les compétences répondent aux offres d’emplois africaines exclusives de la plateforme.
Ici un responsable clientèle au Crédit du Congo, là un directeur associé à la TNS Sofres en Afrique de l’Ouest, et prime à ceux qui cooptent le candidat finalement recruté par l’entreprise demandeuse. Ils se verront récompensés de 500 à 1 000 euros par recrutement, en fonction du niveau d’expérience de la recrue.
Talent2Africa est encore à ses tout premiers pas. La plateforme ne compte qu’une douzaine d’offres d’emplois et quelques dizaines d’usagers testeurs et une poignée de recruteurs qui ont manifesté leur intérêt (la société française d’investissement Meridiam, la PME dakaroise Aïssa Dione Tissus, le groupe hôtelier Accor).
Mais la start-up entend se positionner dans la jungle des job boards (sites proposant des offres d’emplois) de tous poils, des portails d’emplois ou encore des salons de recrutement, mais en misant sur une approche « plus africaine, branchée bouche-à-oreille, plus exclusive et sélective, et en priorité à destination de la diaspora », explique son fondateur. Un marché de la diaspora qui représente quatre millions de personnes en Europe, dont la moitié est en France, et qui pourrait pallier la pénurie de candidats qualifiés recherchés sur le continent.
« Il y a une grosse envie d’Afrique dans la diaspora
« Nous voulons 10 % des deux millions d’Africains de la diaspora française sur le réseau d’ici cinq ans. Soit 200 000 personnes, 400 000 à 500 000 si nous nous développons au-delà de la diaspora et restons ambitieux », annonce Chams Diagne, du haut de ses deux mètres, lunettes de designer au nez et le trench coat soigneusement plié sur la chaise de la table de café voisine.
« On me faisait suivre des CV tout le temps, en me disant ‘mets-moi en relation’. Il y a une grosse envie d’Afrique dans la diaspora en particulier mais sans trop savoir comment s’y prendre », explique l’entrepreneur originaire de Dakar.
Baccalauréat en poche, il part pour la France. « J’aurais voulu partir aux États-Unis, c’était le rêve. Mais un BTS en France semblait une solution réaliste et moins coûteuse pour décrocher rapidement un boulot ». Ce sera Microsoft à la fin des années 1990 après un premier passage sur les bancs d’une école de commerce, vite complété par un master en management de la distribution à Lille, qui l’amène à travailler trois ans pour une nouvelle filiale de la Poste consacrée aux e-services (facturation en ligne, annuaire…).
À la faveur d’une réorganisation, le jeune chef de projet négocie sa sortie et fonce sur sa nouvelle idée. On est en 2003. Le concept développé avec quelques connaissances ? Casser tous les intermédiaires qui, selon eux, se sucrent sur la revente des œuvres des artistes contemporains africains, en agrégeant toutes les ventes sur une seule place de marché en ligne où chaque sculpteur, peintre ou dessinateur pourrait ouvrir sa boutique : Artunivers.com.
Ce site, qui se voyait en une sorte de MySpace de l’art africain, est monté avec un ami, Maguette Mbow, ainsi que Florence Alexis, une ancienne du programme Afrique de l’Association française d’action artistique (Afaa), et un ancien directeur des systèmes d’information de la Poste, lui aussi né à Dakar.
L’aventure s’arrête en 2006. Faute d’investisseurs : si l’éditeur de presse français Artclair (Le Journal des arts, L’Oeil) s’était montré un temps intéressé, l’affaire ne s’est finalement pas faite et les revenus d’une agence de production de sites internet (pour Renault, l’Unesco…) plus lucrative et montée en parallèle, ne suffisaient plus à compenser les charges de Artunivers.com.
Ancien directeur du développement de Viadeo en Afrique
« C’est à ce moment-là que je suis tombé sur Viaduc. Qui était exactement dans une logique de mise en réseau analogue à celle que nous avions développée avec Artunivers.com, mais avec autrement plus de moyens », raconte Chams Diagne.
Viaduc, créé en 2004 et qui sera vite renommé Viadeo, est le challenger français du géant américain LinkedIn. Le Sénégalais y restera une décennie : là, il développe les liens avec les grands cabinets de recrutement, tels que les britanniques Michael Page et Hays.
En 2011, après un passage au développement européen, il rejoint la nouvelle direction Afrique.
Un expérience d’ »intrepreneuriat » (création d’un nouvelle activité ou branche au sein d’une organisation déjà existante, ndlr), à la tête d’une équipe d’une dizaine de personnes, qui l’amène à prendre la direction du développement plus particulièrement au Maroc, en Tunisie et en Algérie, et au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, jusqu’à l’ouverture d’une filiale à Casablanca.
En 2014, les activités du réseau social en Afrique représentait environ 500 000 euros sur un chiffre d’affaires total de 26,3 millions d’euros.
« L’idée était de passer à la vitesse supérieure mais priorité avait été donnée à la Chine », se souvient Chams Diagne.
Viadeo prenait alors un tournant vers les marchés émergents, notamment via sa filiale de Tianjin. Une expérience malheureuse pour le réseau social français qui, après une introduction en bourse en 2014, a vu le titre perdre près de 90 % de sa capitalisation boursière en deux ans (17,3 millions d’euros contre 170 millions en 2014).
Talent2Africa est encore à ses tout premiers pas. La plateforme ne compte qu’une douzaine d’offres d’emplois et quelques dizaines d’usagers testeurs et une poignée de recruteurs qui ont manifesté leur intérêt (la société française d’investissement Meridiam, la PME dakaroise Aïssa Dione Tissus, le groupe hôtelier Accor).
Mais la start-up entend se positionner dans la jungle des job boards (sites proposant des offres d’emplois) de tous poils, des portails d’emplois ou encore des salons de recrutement, mais en misant sur une approche « plus africaine, branchée bouche-à-oreille, plus exclusive et sélective, et en priorité à destination de la diaspora », explique son fondateur. Un marché de la diaspora qui représente quatre millions de personnes en Europe, dont la moitié est en France, et qui pourrait pallier la pénurie de candidats qualifiés recherchés sur le continent.
Il y a une grosse envie d’Afrique dans la diaspora.
« Nous voulons 10 % des deux millions d’Africains de la diaspora française sur le réseau d’ici cinq ans. Soit 200 000 personnes, 400 000 à 500 000 si nous nous développons au-delà de la diaspora et restons ambitieux », annonce Chams Diagne, du haut de ses deux mètres, lunettes de designer au nez et le trench coat soigneusement plié sur la chaise de la table de café voisine.
« On me faisait suivre des CV tout le temps, en me disant ‘mets-moi en relation’. Il y a une grosse envie d’Afrique dans la diaspora en particulier mais sans trop savoir comment s’y prendre », explique l’entrepreneur originaire de Dakar.
Baccalauréat en poche, il part pour la France. « J’aurais voulu partir aux États-Unis, c’était le rêve. Mais un BTS en France semblait une solution réaliste et moins coûteuse pour décrocher rapidement un boulot ». Ce sera Microsoft à la fin des années 1990 après un premier passage sur les bancs d’une école de commerce, vite complété par un master en management de la distribution à Lille, qui l’amène à travailler trois ans pour une nouvelle filiale de la Poste consacrée aux e-services (facturation en ligne, annuaire…).
À la faveur d’une réorganisation, le jeune chef de projet négocie sa sortie et fonce sur sa nouvelle idée. On est en 2003. Le concept développé avec quelques connaissances ? Casser tous les intermédiaires qui, selon eux, se sucrent sur la revente des œuvres des artistes contemporains africains, en agrégeant toutes les ventes sur une seule place de marché en ligne où chaque sculpteur, peintre ou dessinateur pourrait ouvrir sa boutique : Artunivers.com.
Ce site, qui se voyait en une sorte de MySpace de l’art africain, est monté avec un ami, Maguette Mbow, ainsi que Florence Alexis, une ancienne du programme Afrique de l’Association française d’action artistique (Afaa), et un ancien directeur des systèmes d’information de la Poste, lui aussi né à Dakar.
L’aventure s’arrête en 2006. Faute d’investisseurs : si l’éditeur de presse français Artclair (Le Journal des arts, L’Oeil) s’était montré un temps intéressé, l’affaire ne s’est finalement pas faite et les revenus d’une agence de production de sites internet (pour Renault, l’Unesco…) plus lucrative et montée en parallèle, ne suffisaient plus à compenser les charges de Artunivers.com.
Ancien directeur du développement de Viadeo en Afrique
« C’est à ce moment-là que je suis tombé sur Viaduc. Qui était exactement dans une logique de mise en réseau analogue à celle que nous avions développée avec Artunivers.com, mais avec autrement plus de moyens », raconte Chams Diagne.
Viaduc, créé en 2004 et qui sera vite renommé Viadeo, est le challenger français du géant américain LinkedIn. Le Sénégalais y restera une décennie : là, il développe les liens avec les grands cabinets de recrutement, tels que les britanniques Michael Page et Hays.
En 2011, après un passage au développement européen, il rejoint la nouvelle direction Afrique.
Un expérience d’ »intrepreneuriat » (création d’un nouvelle activité ou branche au sein d’une organisation déjà existante, ndlr), à la tête d’une équipe d’une dizaine de personnes, qui l’amène à prendre la direction du développement plus particulièrement au Maroc, en Tunisie et en Algérie, et au Sénégal, au Cameroun et en Côte d’Ivoire, jusqu’à l’ouverture d’une filiale à Casablanca.
En 2014, les activités du réseau social en Afrique représentait environ 500 000 euros sur un chiffre d’affaires total de 26,3 millions d’euros.
« L’idée était de passer à la vitesse supérieure mais priorité avait été donnée à la Chine », se souvient Chams Diagne.
Viadeo prenait alors un tournant vers les marchés émergents, notamment via sa filiale de Tianjin. Une expérience malheureuse pour le réseau social français qui, après une introduction en bourse en 2014, a vu le titre perdre près de 90 % de sa capitalisation boursière en deux ans (17,3 millions d’euros contre 170 millions en 2014).
Le chiffre d’affaires a reculé à 24,2 millions d’euros en 2015, pour une perte de -23,3 millions d’euros qui a amené Viadeo à annoncer une réduction de 25 % de ses effectifs .
100 000 euros de chiffre d’affaires pour la première année
Chams Diagne compte capitaliser sur l’expérience acquise chez Viadeo pour Talent2Africa.
À commencer par l’inscription des nouveaux membres qui, pour rejoindre la plateforme, doivent associer à leur compte leurs identifiants Viadeo et LinkedIn.
« Ce sont plusieurs centaines de millions de membres qui nous permettent aussi de voir si nos adhérents sont actifs dans la recommandation », souligne Chams Diagne, pour l’heure actionnaire à 100 % mais qui n’exclut pas de faire entrer un associé intéressé par le modèle de Talent2Africa.
La boîte tourne désormais avec une équipe de 10 personnes (des Sénégalais, des Gabonais, des Ivoiriens et une chargée de communication camerounaise à Paris), et signe le retour de Chams Diagne à Dakar.
Non pas dans le chic quartier du Point E où il est né, mais aux Mamelles, au nord-ouest de la presqu’île du Cap Vert.
La start-up compte atteindre la rentabilité dans un horizon de quatre ans. Elle se rémunérera sur les recrutements réalisés via sa plateforme, par une commission équivalent à 10 % du salaire brut annuel de la recrue. « C’est bien en-dessous des standards internationaux, qui sont à 20-25 % », assure Chams Diagne.
La start-up se fixe un objectif de 100 000 euros de chiffre d’affaires pour son premier exercice et veut accélérer ensuite avec une application, puis à terme un développement vers l’Afrique de l’Est.
Source: Jeune Afrique
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