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Quand Oumar Youm manifeste sa peur, y a vraiment de quoi avoir peur pour le Sénégal

Oumar Youm
« J’ai peur pour le Sénégal » a dit le directeur de cabinet du président de la république. Madeleines des temps modernes, mollasson typique de la classe politique sénégalaise, alors que nous cherchons des gens qui puissent vaincre, nous tombons sur les spécimens qui cherchent à domestiquer. Honte à l’establishment, haro sur toute cette race nouvelle d’homme d’Etat et de politiciens à la traine, à la remorque des vulgaires sensibilités communes. Pour tout vous dire, Oumar Youm pense attendrir par effet d’entrainement pour ameuter les brebis égarés, Assane Diouf l’insolent ou Amy Collé Dieng l’emportée, dans le troupeau des émotifs. Quand on est élu, soutenu et pourvu de forces et de facilités, on ne doit pas exposer sa peur sur la place publique. On maitrise sa peur, on la pénètre et on la souille tout bord tout côté pour la postérité, n’en déplaise aux crétins aux cœurs cotonneux.

« Moins il y aura de peur, mieux cela vaudra. La peur fait de nous des lâches. La peur nous avilit. » C’est quoi cet élan pathétique qui confine nos élus à se faire passer pour des faux dévots, à n’inspirer que pitié et pardon au lieu de s’affirmer ouvertement ? Ce n’est pourtant pas de la dictature que d’exercer son pouvoir convenable et justifié sur tout écart nocif à la bonne tenue citoyenne. La posture de frileux du directeur de cabinet du président de la république ne traduit que les ressentis intériorisés des élus inconvenants et inconfortables. Leur talon d’Achille, c’est leur défaut d’exemplarité, c’est qu’ils ne peuvent même pas opposer à l’irrévérence des mis en cause un quelconque sens élevé des responsabilités dans la gouvernance, un respect scrupuleux des règles de justice sociale et d’égalité de tous devant la loi.

Pris dans les petits jeux de la petite politique, Maître Wade, mouride de son Etat, annonce un probable boycott aux prochaines élections tandis que le foutanké de président décerne satisfecit à son poulho de ministre de l’intérieur. Hey ! Je parle comme je veux, en sénégalais affranchi de tout ornement ethnique. Pourquoi céder aux imbécilités de quelques oisifs-errants au point de ne plus pouvoir rire de moi-même, de nous tous, de mes frères de sang ? Je suis wolof du Djolof et j’ai les cheveux crépus, témoins irréfragables de mes micro-origines al poulhar. En plus, je ne pense vraiment pas que mon arrière grand-mère ait sauté la clôture du fougueux petit berger du village. En tous les cas, je suis également peulh, légitimement de surcroit. Etudiant, quand je tympanisais mon ami matamois de sarcasmes apparemment pouloriphobes, il répliquait tout piqué, amusé, mais jamais insulté que le wolof lui était utile parce qu’il lui permettait d’aborder aisément les « couloirdeuses ». Quel salopard ! Pour autant, je n’ai jamais cessé de l’aimer.

Les énormités proférées par des quidams comme Assane Diouf et par ses misérables souteneurs doivent être réprimées indépendamment du destinataire. Le problème dans ce débat caricatural, c’est qu’il est difficile de savoir de quoi on parle : considération, civisme ou droit. Certes, les incorrections notées sont carrément inadmissibles, mais il ne faut surtout pas qu’on convoque le délit d’offense au chef de l’Etat pour les écraser. Il ne s’agit que de foutaises, de conneries à combattre sans faiblesse coupable, qu’elles soient destinées au chef de l’Etat ou à un quelconque autre citoyen. Alors ! De quoi avez-vous peur M. Youm ? Que les manquements dans l’exemplarité requise des gouvernants, que les carences d’équité et d’impartialité dans la conduite des affaires publiques vous rattrapent ? Falsificateurs du bien-fondé de l’autorité étatique, vous baissez non seulement vos culottes, vous baissez aussi vos masques.

Birame Waltatako Ndiaye
waltacko@gmail.com

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