L’Algérie à la croisée des chemins
Finalement la loi 102 de la constitution algérienne est appliquée pour remplacer l’ex-président Bouteflika par le président du conseil de la nation Abdelkader Bensalah pour une période de 90 jours, le temps d’organiser l’élections présidentielle fixée au 4 juillet 2019.
Les militaires, à leur tête, le chef de l’état-major de l’armée populaire algérienne, le général major Gaid Salah, le symbole des gens du système a opté pour l’application seulement de l’article 102 de la constitution algérienne révisée et adoptée le 7 février 2016 par les 2 chambres (sénat et parlement composés essentiellement par les pro-système) et promulguée le 6 mars 2016.
Pour rappel Gaid Salah a usé d’un ton menaçant envers le clan Bouteflika au début de la semaine dernière en les accusant de traîtrise envers la nation. Il a exigé alors le départ de l’ex-président malade et inapte à gouverner (Bouteflika). Le général major a demandé l’application des articles :102,7 et 8 immédiatement, dont le premier article prévoit la réunion du conseil constitutionnel pour vérifier la réalité de cet empêchement et doit constater à l’unanimité la vacance définitive de la présidence de la République et c’est au président du conseil de la nation d’assumer la charge de chef de l’État. Quant au second article, qui stipule que le peuple est la source de tout pouvoir, alors que le troisième article dit que le pouvoir décisionnel appartient au peuple.
Après un mois et demi de marches pacifiques des milliers d’Algériens, la voix silencieuse qui s’abstenait de voter pour ne pas donner de légitimité aux différents votes truqués, le dernier en date le 17 avril 2014 où sur 22 880 678 inscrits il y a eu 50.7% de participants plus exactement 11 600 984, un chiffre officiel qui était en deçà du nombre réel qui avoisinait à peine les 20%, selon les observateurs indépendants et quelques vrais opposants au régime hégémonique.
La promesse du Chef des armées a été finalement une manœuvre pour calmer les esprits et gagner du temps pour exécuter le plan prévu initialement par le système mafieux.
Ce qui confirme l’hypothèse suivante :
1-La première semaine des manifestations, le premier ministre en fonction Ahmed Ouyahia se pressa pour déposer sa démission comme réponse aux exigences de la rue, alors que ses ministres sont restés en place jusqu’à l’apparition des nouveaux pour faire une passation de pouvoir.
2- Désignation d’un nouveau premier ministre Noureddine Bedoui, lui-même ancien ministre de l’intérieur qui a orchestré activement le truquage des élections citées ci-haut.
3- Ce dernier a passé toute une semaine sous silence pour préparer sa liste de 16 nouveaux ministres composée essentiellement de jeunes inconnus et de 5 anciens ministres pour un total de 21 au lieu de 27 comme dans le gouvernement précédent.
4- Réunion formelle du conseil constitutionnel pour faire un constat sur la démission de Bouteflika.
5- Prise de fonction du poste de chef de l’État temporaire par le président du conseil de la nation.
6- Fixation de la date des prochaines élections (jeudi 4 juillet 2019, la veille de la Fête de l’indépendance : 5 juillet).
En usant de l’article 104 de la constitution qui stipule clairement que le gouvernement en place, en cas d’empêchement, du décès ou de la démission de chef de l’État, ne peut être démis ou remanier jusqu’à l’entrée en fonction du nouveau président élu.
Le peuple refuse en bloc le tout et il tient absolument à l’exprimer clairement ce vendredi 12 avril, même le faire dorénavant tous les jours, si c’est nécessaire. Alors que l’oligarchie mafieuse, y compris le général major Gaid Salah qui participe dans ce nouveau gouvernement en tant que vice-ministre de la défense, décide de continuer à gouverner tout le peuple algérien sans son consentement et les futures élections ne les inquiètent pas du tout, tellement ils sont sûrs de leurs résultats préparés à l’avance dans leurs officines avec des chiffres, des pourcentages et des parts du gâteau pour ceux et celles qui vont jouer à leur jeu anti-constitutionnel.
Le peuple ne perd pas espoir et il n’a pas encore dit son dernier mot car il y a mille et une façon de manifester pacifiquement son mécontentement jusqu’à obtenir de gain de cause et retrouver son pouvoir qui lui revient de droit et par la constitution, qui est par l’essence même de toute société dite démocratique.
Par Abdellah Merani
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