Laetitia Zonzambé nous présente son nouveau single « Fuku ti De »
Laetitia Zonzambé, chanteuse d’origine centrafricaine et vivant à Montréal, nous présente entre autres son nouveau single « Fuku ti De », qui veut dire « poussière de froid » dans sa langue natale.
Afrikcaraibmontreal: Bonjour Laetitia Zonzambé, votre nouveau single « Fuku ti De » est sorti récemment, pouvez-vous nous en parlez?
Laetitia Zonzambé: La chanson « Fuku ti dé » signifie poussière de froid. Il n’y a pas de mots en sango, ma langue natale pour appeler la neige. C’est vrai qu’on ne l’a jamais vu là-bas. Je crois que les Innus ont plus de 50 mots pour parler de la neige, nous n’en avons pas République-centrafricaine. « Poussière de froid » c’est donc une création, une expression assez poétique. Il se trouve que c’est finalement aussi un peu vrai scientifiquement puisqu’il n’y aurait pas de flocons de neige sans poussière !
Comme maintenant « mon pays c’est l’hiver », il fallait que je le chante, mais en sango pour faire le lien entre ma terre d’origine et ma terre d’adoption, pour garder cette poésie de l’émerveillement, ce ressenti d’enfant, cette émotion.
C’est un single extrait de votre album qui est sorti le 20 octobre 2017, et dont le lancement a eu lieu au O Patro Vys à Montréal. Quels sont les thèmes majeurs que l’on retrouve dans cet album?
Je parle, dans cette album, des souffrances liées à la guerre et de l’exaspération du peuple qui souhaite tout simplement vivre en paix ( Siriri, feat Fredy Massamba et Dodo), de la cupidité et de l’égoïsme de certains dirigeants en Afrique qui sont des entraves à l’évolution de leur pays (Ye ti vundu feat Fredy Massamba), de ma vie ici à Montréal (Fuku ti dé), de la belle mort (Mbi nze), de la force et de la beauté de la femme (Wali), de la richesse de la diversité culturelle (Sanza), de la mère et l’enfant (Ta gni feat Vox Sambou), bref de la vie dans ce qu’elle peut nous révéler de plus laid et de plus beau.
Cet album porte le nom de Sanza Soul. À quoi le titre fait-il référence?
Le titre de l’album fait référence à ce qui est l’âme de ma musique et ce dont elle se nourrit. Le «Sanza» est en Sango (langue parlée en République centrafricaine), un vêtement fait de différentes pièces de pagnes colorées.
Il symbolise ma démarche artistique, qui est la recherche de l’équilibre et de l’authenticité, dans l’intégration et l’assemblage de différents éléments musicaux hérités, empruntés et assimilés au fil du temps dans mes créations musicales (rythmes, mélodies, timbre, phrasés, etc., d’origine et de culture diverses).
Le projet fusionne ainsi accents traditionnels bantous et influences plus contemporaines (soul, pop et rhythm’n’blues).
J’ai travaillé avec des personnes talentueuses, que j’apprécie et respecte énormément et je suis très fier et très heureuse du résultat de ce travail qui me résume bien en tant qu’artiste, en ce moment !
Vous êtes chanteuse d’origine centrafricaine. Comment se passe votre carrière professionnelle au Québec ou au Canada?
Je dois dire que ma carrière professionnelle se passe bien et évolue surement. Je suis arrivée à Montréal en 2009, et il a fallu que je fasse mes preuves en tant qu’artiste, que je reprenne en quelque sorte tout à zéro.
C’est armée de ma volonté, de ma créativité, de mon amour pour la musique, de ma bonne humeur, que j’ai pu faire ma place dans le paysage musical montréalais et être reconnue en tant qu’artiste grâce à de belles rencontres faites dans ce pays ( Taafé Fanga, vision diversité, Give, etc). Après avoir fait plusieurs scènes à Montréal, j’ai enregistré un premier mini album de 4 titres en 2011 « Na bê okô ». J’ai ensuite soumis des projets de création et reçu des prix et subventions de la part du gouvernement du Québec (CALQ) et du Canada (CALC), qui m’ont permis entre 2012 et 2015 de créer, d’enregistrer mon deuxième mini album Sanza, de voyager et performer sur de belles scènes ici à Montréal (Francofolies, Vitrines des musiques métissées, Mundial Montréal, Belle& Bum, maisons de la culture, etc.), d’avoir la chance de diffuser et partager ma musique de la côte Est à la côte Ouest du Canada (Harrison Festival, Vancouver Folk Festival, Kelowna, Neruda Arts…), de porter ma musique au delà des frontières canadiennes au Old Town school of folk music à Chicago et au Womad Festival au Chili.
Aujourd’hui, je suis très heureuse de présenter mon nouvel album « Sanza soul » qui est soutenu par FACTOR Canada (The Fundation Assisting Canadian Talent On Recording) , et le fruit d’un long travail de réflexion artistique et de belles collaborations.
Pour réaliser votre nouvelle oeuvre musicale, vous avez collaboré avec des artistes tels que Vox Sambou, Freddy Massamba. Pouvez-vous nous parlez des sonorités musicales présentes dans « Sanza Soul »?
Comme je le disais plus tôt, l’album « Sanza soul » est le résultat d’une philosophie dans la création. La recherche de l’équilibre et de l’authenticité, dans l’intégration et l’assemblage de différents éléments musicaux hérités, empruntés et assimilés au fil du temps dans mes créations musicales (rythmes, mélodies, timbre, phrasés, etc., d’origine et de culture diverses). Collaborer avec des artistes tels que Fredy Massamba et Vox Sambou sur certaines de mes chansons a été un réel plaisir, car se sont des artistes qui ont le même état d’esprit, la même philosophie de création que moi d’ou leur participation sur l’album.
J’essaye d’avoir dans mes œuvres un bon équilibre entre les choses que j’aime dans la musique. C’est pour cela qu’on retrouve dans celles-ci des sonorités traditionnelles Bantous, c’est à dire des sons que l’on retrouve plus en Afrique Centrale et des influences plus contemporaines (soul, hip-hop, pop et rythme & blues).
Au delà de cet album, à quoi définirez-vous, votre style de musique?
Comment définir un style musical au delà d’un album… je dois avouer que je ne sais pas trop comment répondre à cette question, puisque cet l’album représente mon style.
Je crois que je vais laisser aux auditeurs le soin d’apprécier et de juger ma musique.
Car au delà du style, l’important c’est l’émotion que la musique produit sur celui ou celle qui l’écoute.
Propos recueillis par Ansou Kinty
Plus d’infos: www.laetitiazonzambe.com
ou Facebook: www.facebook.com/laetitia1.zonzambe
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