Comment les sociétés vietnamiennes vident les forêts camerounaises sans être inquiétées
Les entrepreneurs vietnamiens utilisent les failles de la législation forestière au Cameroun pour arriver à leur fin.
L’ONG américaine Environmental Investigation Agency et le Centre pour l’environnement et le développement (CED) camerounais publient, mardi 10 novembre, un rapport dans lequel ils décrivent, comment une vingtaine de sociétés vietnamiennes vident les forêts camerounaises sans être inquiétées.
Sur la base de nombreux témoignages, le rapport intitulé « Bois volé, temples souillés », met en lumière les pratiques qui permettent de contourner les lois camerounaises. Ces entreprises exportent principalement le tali, cet arbre au cœur brunâtre, dont la cime peut atteindre 40 mètres de haut. Il est utilisé dans le secteur de la construction et en particulier pour celle des temples.
« Le Vietnam a supplanté les débouchés européens historiques. Il est le deuxième client du Cameroun après la Chine. Mais personne n’est en mesure de dire d’où provient le bois acheté. Il n’existe aucune traçabilité. Cette opacité va de pair avec un manque à gagner important pour les recettes de l’Etat », constate Samuel Nguiffo, le directeur du CED. Il interrogé par le journal Le Monde Afrique.
« Le ministère de la prédation »
Les entrepreneurs vietnamiens ne sont certainement pas les premiers à utiliser les failles de la législation forestière au Cameroun. Ils ont trouvé « un écosystème favorable, où tout est possible dès lors qu’on est prêt à distribuer des billets », affirme un diplomate en poste à Yaoundé. A l’en croire, le ministère camerounais des Forêts est le « ministère de la prédation, complice d’un désastre écologique ».
La vingtaine d’entreprises vietnamiennes présentes au Cameroun se caractérisent par leur mode opératoire. Comme le retrace le rapport, elles n’exploitent pas directement les forêts et ne sont pas détentrices de concessions à travers lesquelles l’Etat confie au secteur privé la gestion de son patrimoine forestier.
« Elles agissent le plus souvent comme de discrètes sociétés de négoce, en blanchissant du bois provenant de coupes illégales issues de petits permis attribués en dehors des grandes concessions. », expliquent nos confrères du journal Le Monde Afrique.
Les « ventes de coupe » sont les permis les plus affectionnés : attribués pour trois ans sur de petites superficies de 2 500 hectares, ils ouvrent la voie à une exploitation sans limites. Les enquêteurs de l’EIA ont recueilli plusieurs témoignages attestant de falsifications de documents pour permettre le transport et l’exportation des grumes.
Source: Actu Cameroun
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