Identité & Racisation, 1er débat à la maison de l’Afrique
Personnes racisées, racisme systémique, racisation, … il y a énormément de termes pour expliquer un préjudice subi par une personne en raison de son ethnie ou de sa couleur de peau. Pourtant chaque terme possède une définition précise, une histoire et chaque terme répond à un besoin spécifique. Ainsi, pour comprendre le préjudice subi, il est important d’utiliser le bon mot!
Porté par ce questionnement, le 26 février dernier, s’est tenu au sein de la maison de l’Afrique de Montréal, un débat public : identité & racisation. Il s’inscrit dans une “réflexion en trois temps” organisé par la DAM (diversité artistique Montréal) et se compose d’une série de rendez-vous débat sur les enjeux liés au racisme systémique. Cette première rencontre, proposait de se questionner sur l’utilisation des bons mots. elle précède deux autres rencontres, une le 26 mars sur l’appropriation culturelle et une dont la date reste à déterminer sur les préjugés, notamment dans le domaine de l’Art.
Animé par Dorothy Alexandre, l’évènement s’est ouvert sur un discours de Mariama Sy Diawara, fondatrice de la Maison de l’Afrique. Elle se dit heureuse de « rencontrer tous ceux qui ont à cœur l’avènement d’un monde meilleur » et précise que la maison de l’Afrique est toujours présente dans la programmation du mois de l’histoire des noirs.
La parole est donnée ensuite au premier protagoniste, Zab Maboungou, La fondatrice de la compagnie de danse “NYATA NYATA “. Cette chorégraphe, auteure et interprète, ne peut plus “admettre que l’histoire prenne des raccourcis”, car “le problème de fond, c’est le racisme”. “C’est celui-là qu’il faut véritablement mettre de l’avant et il ne faut pas avoir peur de ce terme.” Elle pointe également, “la difficulté d’utiliser des termes pour désigner quelque chose qui dure depuis longtemps”, le terme identité par exemple, au coeur de la socialisation de tout être humain selon la chorégraphe, est “devenu péjoratif car il caractérise un obstacle à la modernité victorieuse” qui rejoint “ l’universalisme et le progrès”. “Ainsi, les personnes racisées sont les personnes susceptibles d’arborer les identités archaïques, celles qui font obstacle au projet de cette modernité.”
Prend ensuite le micro un deuxième panéliste, Michael Farkas, président du mois de l’histoire des noirs, lui refuse l’utilisation de ces termes, car il ne se reconnaît pas dans la généralité de ceux-ci. “Personnes racisés” ou “peuple racisé”, il faudrait être “beaucoup plus précis dans nos regards sur chaque personne qui vit la discrimination au lieu de généraliser”. Quel est son âge, de quel endroit elle vient, …”on a tous un nom, on a tous une tribu”. Pourtant, ce rastaman reconnaît l’utilisation du “ terme racisme systémique mais pas ‘’personne racisée » et ‘’peuple racisé » et même le mot diversité” car quand il s’agit d’une personne ou d’un peuple on ne peut les généraliser à cela”. il conclut après plusieurs questions : “Moi, je n’utilise pas ces mots, je ne les utiliserai jamais. Racisé, racialisation, je ne m’identifie pas à ces mots-là. Je les trouve blessants, parce que ça ne règle rien”.
Pour le troisième panéliste Parker Mah, musicien et photographe, Canadien chinois de quatrième génération, le problème de ces mots est “qu’ils nous ont été imposés, et que nous n’en sommes pas maîtres.”, il dénonce également, la généralité de ces termes, pointant le fait qu’en tant que Chinois, il ne subit pas “la même discrimination que d’autre groupe”, pourtant les termes pour les décrire sont les mêmes.
Enrichi de plus de deux heures et demie de discussion, la rencontre se clôt sur des promesses d’actions de la part de la modératrice Dorothy Alexandre.
Par Barbara Gineau Delyon
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