Alysha Brilla: « Il y a une énergie extraordinaire en Afrique »
V. Lim : Bonsoir, Alysha ! Nous sommes très heureux de vous accueillir à Montréal dans le cadre du festival Mundial Montréal. Comme vous représentez plusieurs cultures assez distinctes – canadienne, indienne et africaine – comment pourriez-vous définir votre identité musicale?
Alysha Brilla: Vous avez tout dit, j’ai toutes ces trois cultures en moi et toutes les trois dans ma musique, elles sont inséparables. Je dirais que le rythme vient plutôt de l’Afrique, les paroles de mes chansons sur la vie d’un individu ayant des origines métissées reflètent cette superposition des cultures où il y a une certaine influence orientale. Même dans la musique indienne, on peut trouver pas mal de points communs avec la musique africaine.
Vos albums ont été nominés aux JUNO Awards dans la catégorie Meilleur Album Adulte Contemporain. Est-ce que vous visez un public adulte ou il y a des chansons dans votre répertoire destinées à la jeunesse?
Plutôt adulte, je suppose… J’ai des chansons comme Nobody ou Bigger Than That qui sont basées sur mon expérience d’intimidation (bullying) à l’école, un phénomène connu chez beaucoup d’adolescents. J’ai aussi des chansons qui parlent de la pression que les adultes se mettent les uns sur les autres dans la société, il n’y a donc pas que les choses qui concernent les jeunes, mais vous pouvez toujours vous y reconnaitre, que vous ayez 5 ou 50 ans.
Quelles sont vos influences dans la musique ? On y voit du jazz, du folk et du reggae, est-ce qu’il a un fil conducteur qui pourrait définir votre style musical ?
Certainement, roots music qui provient des endroits différents. Je ne suis pas fan de la musique pop contemporaine, quelle que soit son origine, américaine ou indienne. J’aime le jazz, je joue avec un jazz band, mais il y a aussi toujours cette influence roots et folk, on dirait alors jazzy folk… (sourire)
Est-ce que vous improvisez souvent sur scène, vu que vous jouez différemment live et en studio?
Absolument, nous sommes tous des amis dans le groupe avec lequel je joue régulièrement, quand on se regarde pendant une chanson on sait ce qui va se passer, on se donne des signes avec les sourcils… (sourire), on sait toujours où accélérer ou ralentir, ça fonctionne plutôt bien à ce niveau-là…
Où est-ce que vous aimez jouer le plus dans le monde, où vous vous sentez le plus à l’aise devant le public et trouvez la meilleure connexion avec les gens qui vous écoutent?
Musicalement, je vois une bonne connexion avec le public tanzanien. Au Canada aussi, évidemment… c’est bien chez moi. En général, je trouve qu’il y a une énergie extraordinaire en Afrique, une source immense d’énergie qui n’existe nulle part ailleurs.
Racontez-nous un peu de votre projet humanitaire en Afrique.
Je soutiens Canadian World Education Foundation (CWEF) en Tanzanie. J’ai rencontré son fondateur et participé à la levée des fonds, ensuite pendant mon voyage en Tanzanie j’ai aussi rencontré la personne qui gère CWEF pour voir où va l’argent, comment ça aide les enfants. Le but de ce projet c’est l’éducation des jeunes filles puisqu’en Tanzanie comme dans de nombreux pays du monde, l’éducation des garçons est prioritaire dans les familles. C’est un double défi pour les filles orphelines qui n’ont pas de famille, voilà pourquoi nous faisons nos efforts pour leur aider à avoir une éducation. Il ne s’agit d’ailleurs pas d’une formation religieuse comme à l’époque coloniale.
Vous pratiquez le yoga depuis plusieurs années, et récemment, vous avez obtenu un certificat d’instructeur. Quels sont les liens entre la musique et le yoga, pour vous?
Je travaille sur ça actuellement. Quand j’étais en Inde, j’ai acheté tous les livres sur la pratique de yoga et l’utilisation de la musique dans cette pratique. Leur combinaison me paraît si naturelle, mais il y a toujours très peu de recherche sur ça, et pourtant beaucoup de gens s’intéressent à la méditation, à la thérapie musicale. Je cherche à découvrir comment cette connexion pourrait avoir une influence sur ma vie.
Propos recueillis par V. Lim
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