Un intellectuel kényan rend hommage à cinq héros africains
Le chercheur et activiste kényan Firoze Manji a salué la mémoire des nationalistes africains Ken Saro-Wiwa, Thomas Sankara, Amilcar Cabral, Kwame N’Krumah et Patrice Lumumba, tous les cinq morts d’une manière ou d’une autre pour leurs idées anti-impérialistes.
Dans un entretien paru lundi, à Dakar, dans Sud-Quotidien, M. Manji évoque notamment la perte cruelle du Nigérian Saro-Wiwa et du Bissau-guinéen Amilcar Cabral, affirmant qu’‘’ils ont en commun leur engagement envers leurs peuples, la confiance dans l’organisation pour la lutte pour la justice’’.
‘’Et ils ont été tous les deux assassinés. Comme, Kwame N’Krumah, Thomas Sankara, Patrice Lumumba, ils ont tous été tués, non pas par des étrangers, mais par des nationaux et parfois des proches’’, a dit cet universitaire, activiste, journaliste et auteur.
‘’C’est presque toujours la trahison qui est à la base de tous ces assassinats. Par définition, la trahison c’est quelque chose d’intra, elle ne vient pas de l’extérieur’’, a soutenu Firoze Manji, coauteur de « Claim No Easy Victories: The Legacy of Amílcar Cabral » (« Ne pas revendiquer de victoires faciles : l’héritage de Amical Cabral).
Chargé de programme au Conseil pour le développement de la recherche en sciences sociales en Afrique (CODESRIA), basé à Dakar, M. Manji se bat contre ‘’le capitalisme mondial (qui) préférerait que l’on oublie’’, ces ‘’grands Africains’’ alors que leurs connaissances et leur lutte méritaient d’être vulgarisées.
Cet universitaire et panafricaniste originaire du Kenya partage avec Cabral la conviction selon laquelle, ‘’le problème de l’Afrique, ce n’est pas la couleur de l’Etat, le problème c’est dans la manière dont on gère l’Etat’’.
Né le 12 septembre 1924, Amilcar Lopes Cabral ou Abel Djassi est le fondateur du Parti africain pour l’indépendance de la Guinée-Bissau et des îles du Cap-Vert (PAIGC). Il fut assassiné dans la nuit du 19 au 20 janvier 1973, à Conakry, en Guinée. Le colon portugais est désigné coupable de cette mort.
Kenule Beeson Saro-Wiwa est, lui, un écrivain et opposant nigérian. Il a été tué par pendaison à l’âge de 54 ans, le 10 novembre 1995, à Port-Harcourt, ainsi que huit de ses compagnons du Mouvement pour la survie du peuple ogoni, une minorité dans le delta du Niger, au Nigeria. Il tenait tête à la dictature militaire et oligarchique de son pays.
Quant à Thomas Sankara, son hostilité à l’ex-colonisateur français et aux néo-colonialistes noirs passait dans la légende. Il est né le 21 décembre 1949 en Haute-Volta, ancien nom de son pays qu’il a africanisé en l’appelant Burkina Faso.
Le capitaine Sankara dirigeait la Révolution burkinabè du 4 août 1983 jusqu’à son assassinat lors d’un coup d’État mené par l’actuel dirigeant Blaise Compaoré, le 15 octobre 1987, à Ouagadougou.
Pour sa part, Patrice Émery Lumumba, est né le 2 juillet 1925 au Congo-Belge, actuelle République démocratique du Congo (RDC). Indépendantiste et nationaliste, cet ancien Premier ministre est mort assassiné le 17 janvier 1961 au Katanga avec la complicité du colonisateur belge et des services secrets des Etats-Unis.
Incarnation du dirigeant panafricanisme, le Ghanéen Kwame Nkrumah, né le 21 septembre 1909, a incarné la figure de l’indépendantiste et du combattant de la liberté des peuples opprimés par les colonisateurs européens, mais il est mort en exil à Bucarest (Roumanie).
Il a dirigé le Ghana indépendant comme Premier ministre (1957-1960) et président de la République (19060-1966). Cette indépendance arrachée au colonisateur donnait le courage à d’autres nationalistes africains et son modèle a prospéré en Afrique et ailleurs dans le Tiers-monde.
APS
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