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Boubé, l’étoile montante de la musique touarègue se confie sur sa carrière artistique

Boubé, musicien

Boubé,jeune auteur-compositeur-interprète du Niger, s’est confié à Afrikcaraibmontreal à propos de sa carrière artistique. L’étoile montante de la musique touarègue se produira aujourd’hui, dernier jour de la 38e édition du festival international Nuits d’Afrique, à Montréal.
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ACM: Bonjour Boubé, parlons de vos débuts en tant que musicien, d’où viennent votre style et votre identité musicale

Boubé: J’ai commencé à l’âge de 13 ans. C’est une longue histoire, parce que j’ai voyagé avec mon oncle en Algérie, et c’est là-bas que j’ai commencé à apprendre la musique. J’écoutais beaucoup de la musique chez moi, les musiciens comme le guitariste Abdallah Oumbadougou, c’était un grand musicien au Niger a l’époque, ou encore Hasso Akotey. J’écoutais aussi de la musique folklore chez moi, comme le groupe Sultanat de l’Aïr d’Agadez, avec qui j’ai travaillé un peu après mon retour de l’Algérie. Je suis resté avec eux, et j’ai appris beaucoup chez les musiciens du Niger avant que je ne commence à travailler avec Bombino et Mdou Moctar.

ACM: La musique qu’on connaît sous le nom de blues du désert est popularisée par les artistes maliens comme le grand Ali Farka Touré et plus récemment, Songhoy Blues et Tinariwen, les deux anciens participants du festival Nuits d’Afrique de Montréal, ou encore le groupe algérien Imarhan. Quelles sont des particularités de la musique touarègue du Niger?

Boubé: Le blues du désert, c’est vrai que ça vient vraiment d’Ali Farka Touré, parce que c’est le premier bluesman qui est connu en Afrique. Ali Farka Touré, c’est un grand artiste qui est connu et respecté par tous les musiciens du Niger, de l’Afrique, partout. Surtout au Niger, on a beaucoup écouté Ali Farka, les gens adorent sa musique là-bas, comme si c’était le son de notre pays. On écoute aussi d’autres artistes maliens comme, par exemple, Oumou Sangaré. Mais le blues du désert, c’est une musique vraiment différente du reste de la musique africaine. On parle avec la guitare et c’est la guitare qui nous parle. C’est une musique traditionnelle qu’on a apprise, c’est comme on met notre histoire dedans, on met toutes les histoires de notre culture dans cette musique, et on est vraiment serré sur ça. Tous les enfants, tout le monde essaient d’apprendre le blues parce que c’est quelque chose de son village, de son pays.

C’est aussi dans notre culture et la langue berbère. On est tous, les Kabyles, les Touaregs, etc. sont les Berbères, les Amazigh. On utilise le même alphabet, le Tifinagh, et les touarègues du Mali et du Niger se comprennent facilement. On comprend les chansons de Tinariwen, et eux, ils comprennent nos chansons à nous. C’est la même culture, la même langue, la même famille en plus.

ACM: Est-ce que l’influence vient de votre lieu de naissance, parce que là où vous êtes né et grandi, c’était un lieu qu’on connaît pour le festival de la musique touareg, Iferouane?

Boubé: Oui, moi je suis né à Iferouane, c’est mon village, toute ma famille vient de là-bas. Je connais bien le festival de l’Aïr à Iferouane, c’est un festival qui accueille tous les musiciens du Niger, des cultures différentes, c’est ça le but du festival de l’Aïr. Il invite toutes les cultures du Niger, qui vont se rassembler là-bas, et chacun va montrer sa culture, ce qu’il est capable de faire dans son pays, dans son village, dans sa maison. C’est là-bas qu’on fait trois jours de festival, tout le monde va aller là-bas, les gens dorment là-bas, et on y fait la fête tout le temps, tous les jours. Les gens qui habitent à Iferouane connaissent très bien la musique traditionnelle et les anciens instruments comme l’imzad et le tendé.

ACM: Quels instruments sont propres à la musique touarègue et lesquels avez-vous appris à jouer par vous-même?

Boubé: On a l’imzad qui ressemble vraiment à un violon mais il n’a qu’une corde, et ça se joue comme ça avec une corde, et on a le tendé comme un tam-tam, fait en cuir, c’est vraiment notre instrument, c’est notre style. Avec le temps qui se passe, on est devenu vraiment modernes avec les instruments nouveaux comme la guitare – ce n’est pas vraiment longtemps que les Touaregs ont commencé à jouer avec ça. Il y a aussi le molo à trois cordes, ça ressemble beaucoup à la guitare, mais lui il fait juste la musique comme Takamba.

Pour la musique de jeunes, la musique moderne comme nous, Bombino, Mdou Moctar, on utilise des instruments modernes, la batterie et la guitare électrique. Avant, c’était la guitare acoustique, comme Abdallah [Oumbadougou (1962-2020) – ACM.], la jouait, mais la musique moderne vient avec la guitare électrique qui donne le son un peu blues rock.

En tant que musicien d’accompagnement, j’ai joué à la batterie, à la guitare, et un peu à la basse. J’ai joué avec des musiciens de chez moi et d’ailleurs, comme par exemple en France et en Angleterre. J’ai joué avec beaucoup de musiciens à Niamey aussi, au Burkina, au Mali, un peu partout en Afrique aussi.

ACM: Et tout ça, depuis l’âge de 13 ans?

Boubé: Oui, oui, à 13 ans, j’ai fait le voyage, j’étais sorti de chez moi, mais c’est à 15 ans que j’ai commencé à jouer avec tous les musiciens. Le premier instrument que j’ai commencé à jouer, c’est la guitare, mais ma tête, elle apprend vite sur d’autres instruments. Par exemple, moi, j’adore la guitare, mais si je joue à la batterie, je vois que c’est facile, comme si je fais ça depuis longtemps. Jouer à la guitare n’est pas facile mais j’aime ça et j’ai voulu apprendre ça vite. Tous les autres instruments, je les ai appris facilement, il n’y a personne qui m’avait montré comment jouer, c’est juste la guitare que je trouvais lourd pour apprendre.

Les gens qui m’ont vu jouer, m’ont dit, « ah toi, tu es un batteur, c’est fini là. Nous, on ne veut pas que tu descendes de la batterie, tu joues ça toujours pour nous. » Et j’ai dit:, “ok ”, jusqu’à ce que je fasse la tournée avec les groupes à la batterie, parce que moi, je suis guitariste, mais à la guitare, je n’apprends pas vite. J’ai pris beaucoup de temps avant que je devienne un guitariste. Mais tous les instruments que j’apprends, c’est comme si je les connais, je joue ça facilement.

ACM: Vous avez participé à de nombreuses compétitions et remporté Syli d’Argent cette année au concours Syli d’Or. Quelles sont vos impressions sur ce concours?

Boubé: J’ai voulu m’inscrire dans ce concours depuis très longtemps. Ça fait au moins quatre ou cinq ans que j’ai voulu y participer. Mais je n’ai pas eu la chance jusqu’à cette année. Du moment où j’ai appris que j’étais dedans, je me suis dit, ok moi je suis dans un concours où il y a beaucoup de bons musiciens, je vais faire tout pour que j’apprenne. Avec tous les musiciens qu’il y a aujourd’hui, j’ai la chance d’échanger avec beaucoup de musiciens partout dans le monde. J’ai pris ça comme j’ai eu la chance d’aller dans une école de musique. J’y étais chaque jour, jour après jour, à chaque concert. Ce n’était pas juste mon concert que j’avais à jouer, non. Moi, j’étais toujours là pour voir d’autres musiciens, pour voir ce que je vais apprendre chez eux. Ce que moi je ne suis pas capable de faire et comment je vais le faire. J’apprends des choses avec tous les groupes ayant participés au concours de Syli d’Or. Ça m’a fait vraiment travailler. Et lorsque j’ai appris que j’irais aller au final, ça m’a vraiment fait du bien parce que j’étais parmi les bons musiciens que j’adore beaucoup. J’avais vraiment de la chance d’aller au final !

ACM: Vous avec enregistré un album qui était sorti en 2023. Où êtes-vous avec vos prochains enregistrements?

Boubé: J’ai enregistré mon premier album solo Issaktan au Niger en 2022. C’est un album que j’ai fait avec un ordinateur et un micro. C’est un album plutôt acoustique, un peu mélangé avec électronique, avec le rythme sur l’ordinateur. Par exemple, je peux jouer les calebasses avec ma main et je les enregistre à part. Je peux enregistrer le djembé aussi moi-même. J’ai joué tous les instruments moi-même. Et après, j’ai mélangé le tout, j’ai joué à la guitare et je chante sur cet album. Ce n’est pas un album que j’ai fait ensemble avec un groupe de musiciens.

Et sur cet album, je parle beaucoup de ce qui se passe au Niger, de ce qui se passe en Afrique, de ce qui se passe dans ma vie. Et la chanson la plus populaire dedans, c’est une chanson d’amour. Mais le prochain album ne sera pas pareil, je pense qu’il y aura un orchestre, ça va être vraiment un album live parce qu’on a gagné un peu de prix ici pour le studio. On va utiliser ce prix, le studio pour que je profite d’enregistrer mon album. Je n’ai pas eu les moyens de faire un album, mais je vais profiter de ce prix pour enregistrer quelques chansons.

A part ce concours de Syli d’Or, j’ai gagné aussi des prix à d’autres festivals, comme le festival Musique du Bout du Monde à Gaspé et le festival de Sherbrooke. J’ai gagné aussi à la Fabrique culturelle de Télé-Québec. En tout cas, j’ai gagné beaucoup de choses cette année, même dans le cinéma de Québec, le grand théâtre de Québec.

ACM: Félicitations et bon spectacle au festival Nuits d’Afrique!

Propos recueillis par Vladis Lim

Le concert de Boubé aura lieu aujourd’hui à 17h
Pour plus d’infos
: Concert Boubé

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