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Sénégal : l’impact de la COVID19 sur l’économie du pays

Dakar, la capitale du Sénégal

Prudence, risques, incertitudes et reprise graduelle sont les termes qui ont le plus servis au Fond monétaire international (FMI) de tirer l’alarme au sujet du marasme économique que traverse actuellement le Sénégal face aux affres de la pandémie du coronavirus. Les données issues de l’étude menée par l’institution financière internationale ont révélé une contraction de 0,7 du PIB de pays. Quant aux spécialistes contactés par AfrikcaraibMontreal.com, l’Etat du Sénégal a failli dans la gestion de cette crise qui secoue le monde entier.

«L’économie sénégalaise a été durement touchée par la pandémie de Covid-19 : il est maintenant prévu que le Pib réel se contractera de 0,7 % cette année, du fait de la pandémie et des mesures strictes d’endiguement qui ont entraîné des perturbations de l’activité économique plus importantes que prévu », a déclaré Madame Deléchat, dirigeant une mission virtuelle du 9 au 18 septembre 2020 menée par une équipe des services du Fonds monétaire international (Fmi) sur la situation économique du Sénégal. Une révélation qui a sonné comme un coup de grâce d’une économie longtemps en agonie. L’étude qui souligne que l’exécution du budget jusqu’à fin août 2020 a été globalement satisfaisante, et les objectifs qui ont été fixés pour le reste de l’exercice 2020restent atteignables, reste quand même prudente sur les perspectives économique du pays. « Cependant, des incertitudes demeurent quant à la mobilisation des ressources programmées. La mission encourage donc les autorités à continuer d’agir avec prudence afin de maintenir le déficit aux alentours de 6 % du Pib comme prévu dans la loi de finances rectificative 2020 », a fait savoir Mme Delechat du FMI.

L’avis des économistes sénégalais

Après avoir admis que cette situation dressée par le Fond monétaire international était prévisible, l’économiste Meissa Babou estime que cette chute vertigineuse de la croissance du pays révèle une fragilité de son économie. Parce que, justifie-t-il, nous ne sommes pas une économie à caractère industriel capable de rebondir dans les plus brefs délais en cas de récession. Quant aux incertitudes émises par le FMI sur la mobilisation des ressources programmées par l’État du Sénégal concernant le budget 2020, l’économiste s’est inscrit en droite ligne de la projection de l’institution financière. « On peut se fonder sur le marasme économique et une récession dont la reprise est incertaine. Pas mal d’entreprises sont aujourd’hui en agonie. Et 40% de PME ont fermées, tandis que 27% d’entreprises formelles sont quasiment à terre. Ce qui fait que les recettes fiscales et douanières espérées seront fortement affaiblies. Si on sait que le Sénégal n’est plus en faveur d’un endettement, on peut s’imaginer que le budget 2020-2021 risque d’être très corsé » a analysé l’enseignant à l’université Cheikh Anta Diop de Dakar. Une situation qui, aux yeux de l’économiste, trouve sa justification dans les failles de la politique de résilience amorcée par le gouvernement du Sénégal. Parce que, souligne Meissa Babou, les subventions dégagées par l’État ont été extrêmement faibles. « Si on prend d’ailleurs l’exemple du soutien apporté à la culture, on a vu des acteurs, dont les activités de revenus ont été fortement impactés par la pandémie, recevoir des montants dérisoires de l’ordre de 100.000 FCFA. Concernant certaines entreprises, comme les écoles privées touchées de plein fouet, après un appuie globale de 3 milliard, aucun de ses établissements n’est à presque d’un millions de subventions alors que pendant 6 mois ses entreprises sont aux arrêts. L’État a fait ce qu’il pouvait mais ça n’a pas été suffisant au regard de l’ampleur des dégâts économiques occasionnés par la pandémie », a t- il fait observer, sans tarder d’alerter des risques de lendemains économiques incertains. Même si le Fond monétaire international a noté, dans ses prévisions, un rebondissement de la production en 2021 avec une croissance supérieure à 5%? L’économiste se veut formelle. « Ce n’est même pas possible de sauter d’une croissance économique qui s’est contractée de 0,7% à une croissance supérieure à 5% en espace de 6 mois », a rétorqué M Babou. Ce, justifie t- il, c’est parce que tout simplement le premier semestre de 2021 est presque perdu. «Car en quelques sortes, c’est la moitié de cette année qui sera chargée du redémarrage des activités. Cependant, si on fait des efforts énormes durant le premier semestre de l’année 2021, on pourra caracoler pour se retrouver avec une croissance d’environ 3%. Sinon, c’est seulement à partir de 2022 que nous pourrons nous remettre de cette récession si toutefois aussi le pays ne fait pas face à d’autres chocs », a expliqué l’enseignant à la faculté des sciences économiques et de gestions de l’UCAD.

« Cette crise doit pousser l’État à revoir sa politique économique »

Pour l’économiste, chercheur, la crise économique que traverse le pays a été accentuée par une politique publique qui ne valorise pas les entreprises nationales. « Elle (la crise) a trouvé les entreprises sénégalaises dans de gros problèmes. Pendant 7 ans n’a fait que favoriser et travailler avec les entreprises étrangères. C’est pendant que la pandémie a commencé ses effets négatifs sur l’économie du pays que le gouvernement a jugé nécessaire de débloqué 200 milliards qui au finish n’ont même pas servi aux entreprises du pays comme il le faut. Parce que les banques ne leur ont pas permis d’accéder à ces fond fautes de garanties », a retenu Mansour Samb selon qui, la relance aux entreprises locales est la meilleure option pour sortir du gouffre économique. A l’en croire, les 60 milliards débloqués par l’État du Sénégal dans le cadre de la réécriture peut avoir un impact considérable dans la production de l’arachide et pour certains produits comme les céréales. Mais, d’après lui, étant donné que la SONACOS ne fonctionne plus, cette subvention risque de profiter plus aux entreprises chinoises qui vont tous amasser et valoriser les produits chez eux. « Le chef de l’État est actuellement en tournée économique à l’intérieur du pays avec des visites dans les champs agricoles. L’hivernage s’annonce bon et on peut avoir des records de productions cette année. Mais tout ceci n’aura d’impact que si l’État arrive à comprendre que l’industrialisation est la base de tout développement. Il faut qu’il y’ait une création de valeur ajouté », a suggéré le chercheur, Mansour Samb.

Par Falilou Mballo, correspondant au Sénégal

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