Réunie à Paris, l’Afrique numérique veut prendre le train de la grande vitesse
Il était question du numérique et de sa contribution au développement des économies africaines jeudi à Paris. Dans ce gros paquebot amarré en bord de Seine que constitue le ministère de l’Économie et des Finances, la secrétaire d’État française à l’Economie numérique, Axelle Lemaire, a accueilli de nombreuses délégations de ministres (ou de leurs représentants) ainsi que des entrepreneurs africains au deuxième jour des Journées Afrique, Développement et Numérique qui se tenaient du 26 au 28 octobre à Bercy.
Venus du Sénégal, du Mali, de Côte d’Ivoire, du Burkina Faso, du Soudan, d’Algérie, de Tunisie ou encore de Madagascar, ces derniers ont pu tout d’abord présenté les avancées de leurs pays en matière de fibre optique, de stations satellitaires, de centre de données (data centers), d’applications gouvernementales, d’éducation à distance, de services aux citoyens et aux entreprises…
Avant d’échanger avec des chefs d’entreprises technologiques qui étaient venus en nombre tant les enjeux du numérique sur le continent sont riches en débouchés commerciaux.
Dans les coursives de Bercy, on pouvait voir des représentants de Nokia Alcatel Lucent (le finlandais et le franco-américain ont fusionné en début d’année), d’Eutelsat, l’opérateurs de satellites commerciaux, le moteur de recherche français Qwant, Orange et sa filiale ingénierie Sofrecom, ou encore Linagora, leader français du logiciel libre. Son cofondateur, Alexandre Zapolsky, est également un ambassadeur de la French Tech à Abidjan – le label de promotion du savoir-faire français en matière de technologie.
Des progrès dans le réseau de fibre
Et les choses bougent, ont plaidé à l’unisson les États africains représentés. Le Mali a installé 6 000 kilomètres de câbles de fibre optique qui le connectent au Burkina Faso, au Sénégal et à la Côte d’Ivoire et projette 3000 kilomètres supplémentaires qui le relieront notamment à l’Algérie.
Effervescence autour de la ville numérique à Diamniadio, en banlieue de Dakar, implantations de bornes wifi à l’initiative de Madagascar… hier au ministère des Finances, chacun voulait montrer l’étendue de ses initiatives dans le domaine.
À Madagascar, la politique de promotion du secteur numérique a d’ailleurs commencé à porter ses fruits : “On a crée 45 000 emplois dans le secteur formel, dont 12 000 jeunes, avec des call centers qui se délocalisent depuis la Réunion ou de Maurice”, s’est félicité André Rakotomamonjy, le ministre des Postes et Télécommunications.
Et ces initiatives ne dépendent pas seulement de l’État. La Tunisie a développé une stratégie de mise en oeuvre conjointe avec le secteur privé, dans le cadre d’un plan Tunisie digitale qui devrait nécessiter un investissement de 500 millions d’euros.
Des initiatives très nombreuses, et pourtant… “Seulement 11% des ménages ont accès à internet en Afrique contre 34% dans les pays en voie de développement. Un habitant sur cinq utilise internet, moins de 1% bénéficie du haut débit”, a rappelé Pierre Chaume, directeur de Nokia pour l’Afrique du Nord.
Des lacunes qui ouvrent autant d’opportunités. C’est ce qu’a par exemple compris le camerounais Ipersat qui développe des bornes wifi implantées aux quatre coins du territoire. “Avec de telles infrastructures, on peut désenclaver les zones rurales”, plaide l’un de ses administrateurs, Franck Fokam. Et Laurent Grimaldi, président de Broadband for Africa (BB4Africa) chez Eutelsat, de rappeler aux représentants politiques présents que 10% de connexion en plus apportent en moyenne 1,4% de croissance du PIB supplémentaires.
Mais le chemin est encore long. Dixit l’ancien premier ministre du Bénin Lionel Zinsou, co-président de la Fondation AfricaFrance : “en Afrique, le numérique a remplacé le néolithique, c’est pour ça qu’on va plus vite que les autres. Mais dans le numérique comme dans les autres secteurs, l’Afrique reste encore financée au sixième de ce qui serait nécessaire”.
Source: Jeune Afrique
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