Élections au Nigeria: dans l’attente des résultats
Les résultats du scrutin de ce week-end sont rassemblés au niveau local, puis au niveau des 36 Etats du pays et enfin centralisés à Abuja, la capitale fédérale. On attend pour ce lundi les premiers résultats de ce triple vote -présidentiel, législatif et sénatorial – qui s’est globalement bien déroulé malgré la prolongation des opérations dimanche en raison de difficultés techniques liées au vote biométrique et surtout sans attentat de Boko Haram malgré les menaces proférées il y a un mois par Abubakar Shekau.
De manière unanime, les observateurs de la Cédéao, de l’Union africaine et du NDI (National Democratic Institute) se félicitent du scrutin qui s’est déroulé, pour le moment, dans le calme. Ils semblent par ailleurs convaincus par l’introduction de la biométrie dans le comptage des électeurs. Pour le NDI, comme pour la société civile, c’est un « signe de crédibilité, car cela évite un risque de fraude massive ».
Dans ce bureau d’Okemeta, dans la localité de Shomolu à Lagos, le vote dimanche s’est déroulé sur fond de prière évangélique. Le bureau n’a ouvert qu’à 13h pour laisser le temps aux électeurs d’aller prier. Steevee revient justement de l’église pour voter, plus déterminé que jamais après la déconvenue de la veille. « J’étais très déçu, vraiment déçu à cause de ces dysfonctionnements, mais je me sens soulagé maintenant que j’ai pu exercer mon droit légitime. Je suis très content, j’ai pu voter pour le candidat de mon choix, alors qu’il gagne ou pas, j’ai pu satisfaire ma conscience, je suis heureux. »
Aspirations à la démocratie
Devant le bureau, plusieurs dizaines de personnes sont venues dimanche pour s’assurer que tout se passe dans la transparence. La veille, d’après de nombreux témoins, c’est dans la voiture d’un électeur que la présidente du bureau est partie chercher les bulletins de vote. Un amateurisme difficile à accepter pour Ogor. « J’étais stressée parce que je savais qu’ici l’élection pouvait être truquée, tout est la faute de la commission électorale, mais le soir tout a eu l’air de s’arranger donc ils ont repoussé d’une journée, raconte-t-elle. Je suis heureuse d’avoir pu voter parce que j’étais vraiment déterminée à glisser mon bulletin dans l’urne pour faire la différence. »
D’une manière générale, les électeurs se sont largement déplacés pour aller voter, malgré les menaces de Boko Haram. « La mobilisation a été importante, souligne Djibril Ibrahim, membre de l’équipe des observateurs de la société civile. Nous ne disposons pas encore du taux de participation, mais nous présumons qu’il est élevé.» Une mobilisation qui selon lui exprime un certain courage et de détermination des électeurs nigérians.
« C’est vrai, il y a eu quelques soucis sur la plan de la sécurité. Des attaques se sont produites. Ceci dit, nous pensions que les violences seraient plus importantes que cela. Boko Haram a menacé de perturber les élections dans le nord-est du pays, et ils n’y sont pas parvenus. Ils ont tenté d’organiser des attaques et ont tué des gens. Je pense que la leçon que l’on peut tirer de cette élection, c’est que même dans les zones où Boko Haram a commis des attaques et tué des gens, les électeurs se sont déplacés pour aller voter. C’est une preuve de l’aspiration des Nigérians à participer au processus démocratique. »
Pas d’attentat suicide de Boko Haram
Dans une vidéo postée le mois dernier sur Twitter, Abubakar Shekau, le chef du groupe islamiste armé, avait menacé, de faire échouer le processus électoral, qu’il considère comme « non conforme à l’islam ». Les forces de sécurité craignaient que des attentats kamikazes soient commis dans les camps de réfugiés où des bureaux de votes avaient été installés mais il n’en a rien été. Seuls deux raids ont été répertoriés, samedi dans l’Etat de Gombe ou des hommes armés ont tiré sur trois bureaux de vote tuant 7 personnes. Et dimanche les opérations de vote se sont poursuivies dans neufs bureaux, situés dans les camps de déplacés de Maiduguri, dans l’Etat de Borno sans qu’aucun incident n’ait été rapporté.
Les opérations militaires d’envergure menées avec les forces nigériennes, camerounaises et tchadiennes ont sans doute affaibli le groupe islamiste mais les populations restent vigilantes. Les militaires n’ont pas encore sécurisé l’ensemble des localités reprises aux insurgés et n’ont pas maté Boko Haram. Ce dimanche, l’armée nigériane a d’ailleurs lancé des frappes aériennes et une opération terrestre à 7 kilomètres de Bauchi, dans l’Etat du même nom. Selon des témoins, des islamistes présumés, s’apprêtaient à attaquer la ville, à bord de 20 pick-up.
Aucune estimation
Aucune tendance, aucun résultat n’est disponible pour le moment. La Céni devrait livrer ce lundi les premiers résultats de ces élections et semble vouloir filtrer, en attendant, toute information concernant l’issue de cette élection, qui tient en haleine tout le pays.
Attahiru Jega, le président de cette structure est formel « la Commission met en garde contre toute annonce prématurée des résultats par des personnes ou des médias non habilités à le faire, y compris les sites internet ». Une pique lancée à certains journaux, qui dès ce dimanche, ont titré sur la victoire de l’opposant Muhammadu Buhari, dans la symbolique zone d’Aso Rock, proche du palais présidentiel à Abuja.
La Commission électorale assure que ses agents ont débuté la collecte des informations issues des dépouillements. Ce lundi, face à la presse, ces résultats seront donc énoncés, au compte-gouttes, avec les détails des résultats dans chaque zone de chacun des 36 Etats du pays.
Source: RFI
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