Égypte: Condamnation à mort de l’ex président, Morsi
Selon plusieurs médias, l’ancien président de l’Egypte Mohamed Morsi, destitué par l’armée en 2013, déjà condamné à 20 ans de prison en avril pour incitation au meurtre, a été condamné à mort, le samedi 16 mai 2015, pour des évasions de prison et des violences visant la police lors du soulèvement de 2011. Une centaine d’autres accusés, dont des dirigeants éminents de sa confrérie des Frères musulmans, ont également été condamnés à la peine capitale.
Le tribunal qui le jugeait au Caire devait prononcer les verdicts dans deux procès: le premier concernant l’ex-président Morsi et 128 co-accusés, dont des membres des Frères musulmans, du Hamas palestinien et du Hezbollah libanais, pour des évasions massives de prison suivies de violences pendant la révolte populaire de 2011 ayant chassé le président Hosni Moubarak du pouvoir; le second pour espionnage, de 2005 à 2013, notamment au profit du Hamas, du Hezbollah et de l’Iran.
Un tel procès a provoqué le président turc Recep Tayyip Erdogan et Amnesty International. Cette dernière a estimé que la peine de mort était devenue « l’outil de prédilection des autorités égyptiennes pour éliminer l’opposition politique » et a demandé à ce que l’ex-président bénéficie d’un nouveau procès, devant une instance civile. Quant au président de la Turquie, cette peine de mort a été dénoncée en considérant ce verdict comme «un retour à l’Egypte antique». «Tout en abolissant chez eux la peine de mort, les Occidentaux se contentent de prendre note, sans rien faire, de l’énoncé des peines capitales en Egypte», a-t-il critiqué.
L’Union européenne a, elle, espéré que la condamnation serait « révisée » lors de la procédure en appel et les Etats-Unis ont exprimé leur profonde inquiétude après la condamnation à mort « Nous nous sommes toujours élevés contre la pratique des procès et des condamnations de masse, qui sont tenus dans le non-respect des obligations internationales de l’Egypte et qui sont souvent utilisés contre les membres de l’opposition et des activistes non-violents », a déclaré le porte-parole du Département d’Etat, Jeffrey Rathke, rapporte Xinhua.
Des réactions plus tragiques ont eu lieu. Deux juges et un procureur égyptiens ont ainsi été tués par balle samedi dans le nord du Sinaï, théâtre d’attentats djihadistes visant habituellement les forces de sécurité. Il s’agit de la première attaque visant des magistrats dans la péninsule du Sinaï. Elle intervient quelques heures après que la justice a condamné à mort Mohamed Morsi.
Par Ines Allagui depuis Tunisie
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