Dernières infos

Secteur 5 : Rap et résilience en Nouvelle-Calédonie

« Secteur 5 », c’est avant tout le nom d’un des quartiers populaires de Nouméa,

Septième film d’Ethnotracks Prod, le documentaire Secteur 5, déjà sélectionné pour la 21 e édition du FIFO, sera diffusé le 28 décembre prochain sur Canal+. Il met en lumière de jeunes Calédoniens utilisant la musique, le rap et l’écriture comme tremplin vers un avenir meilleur.

Un article de Xuân Gagneur-Ducandas

« Secteur 5 », c’est avant tout le nom d’un des quartiers populaires de Nouméa, chef-lieu de l’archipel de Nouvelle-Calédonie. Le quartier, dans cette île du Pacifique Sud, est le théâtre des frasques et des émois d’une jeunesse kanake et métisse.

D’un côté, les violences, la délinquance, les addictions, les inégalités. De l’autre, « les frères », l’amitié, l’amour, la volonté de s’en sortir. Et surtout, la créativité comme moyen d’expression et d’affirmation de soi.

Au cœur du quartier de Secteur 5, Roxane, Joss, Wyka et leurs frères s’accrochent à la musique, au rap en particulier, avec l’espoir d’en faire une planche de salut.

Un pari courageux

Originaire d’Ouvéa, Joss se débat avec ses démons : le cannabis, l’alcool, un passé de petite criminalité. Il empoigne alors ses rimes et sa guitare pour s’empêcher de sombrer, mettant toute son énergie dans ses talents d’auteur, compositeur et interprète.

Son ex-compagne et mère de leur petit garçon, Roxane, chanteuse de zouk et de kompa, se tourne quant à elle vers le rap pour exprimer ses blessures : maltraitance, harcèlement scolaire, violence conjugale. Ses textes soulignent la puissance d’une femme en devenir.

Leur ami Wyka, artiste à la popularité croissante au sein de l’archipel, mise tout sur le rap. Il lui permet de panser les peines de son passé, dont la perte précoce d’un père, mais aussi d’assurer son avenir et celui de sa famille, qu’il espère un jour « nourrir grâce à sa musique ».

Tous ont accepté de dévoiler ce pan profondément intime de leur vie, de livrer face caméra leurs failles, leurs espoirs, leur foyer. Un acte de confiance qui a demandé du courage, comme le souligne Joss. « Il a fallu sortir de ma zone de confort. C’est ma vie qui est exposée, ce n’est pas de la fiction. Je ne savais pas si j’allais être mis en valeur ou ridiculisé. Mais j’ai voulu faire confiance au réalisateur, et me faire confiance. »

Du Caillou à l’universel

Fidèle au style d’Ethnotracks Prod, à la fois brut et pudique, explorant en profondeur la psyché de ses protagonistes sans les tourmenter, Secteur 5 reflète aussi des choix artistiques affirmés. Le documentaire est filmé en noir et blanc, avec des touches de rouge vif telles un fil conducteur rappelant l’énergie vitale qui traverse ce décor urbain oppressant.

Le documentaire effleure bien entendu des spécificités calédoniennes, telles que l’importance de la tribu dans la construction identitaire des jeunes Kanaks ou encore la dénonciation de la violence faite aux femmes dans un territoire où elle détient le record national. Mais outre le vocabulaire et quelques références locales (le cagou,
le nickel, les ignames…), les cinéastes ont pris le parti de ne pas poser un regard folklorisant sur les protagonistes, de ne pas forcer le trait des différences.

« Ce que l’on veut filmer avant tout c’est le sentiment humain, qui est universel » explique Stéphane Ducandas, le réalisateur. « Que l’on soit dans la banlieue de Nouméa, à Paris ou à Montréal, nous sommes tous en quête d’amour et de reconnaissance. »

Les jeunes de Secteur 5 revendiquent en effet avant tout le droit d’être heureux, d’appartenir à une famille. Chacun pourra se reconnaître dans leurs deuils, leurs désirs, dans l’histoire d’amour intemporelle de « la beauté et du bandit ».

La sortie du film s’accompagne d’une bande originale réalisée par les jeunes protagonistes, composée de 14 titres et disponible sur les plateformes d’écoute.

Pour toute demande d’informations sur le film, contacter la production d’ Ethnotracks
https://www.ethnotracks.net/

3 Comments on Secteur 5 : Rap et résilience en Nouvelle-Calédonie

  1. J’ai adoré ! Un film enrichissant. Émouvant. Qui pousse à réfléchir et qui emplie l’être d’une compassion immense.
    Pour ma part, j’admire Roxane ! Quel talent ! Quel courage !

  2. Un documentaire époustouflant ! J’ai vraiment A-D-O-R-É. J’ai été très touchée par le personnage de Roxane. Et j’ai trouvé que le fait de mettre le film en noir, blanc et rouge faisait ressortir une certaine poésie. Les images sont belles !

    Je recommande !!!

  3. Un documentaire époustouflant ! J’ai vraiment A-D-O-R-É. J’ai été très touchée par le personnage de Roxane. Et j’ai trouvé que le fait de mettre le film en noir, blanc et rouge faisait ressortir une certaine poésie. Les images sont belles !

    Je recommande !!!

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.




Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.