Réduction des effectifs de la Monusco : Quelles sont les conséquences possibles?
Ainsi, aux termes de cette Résolution, les effectifs maximums autorisés passent théoriquement de 19 815, le nombre de militaires et de policiers, à 16 215, soit une réduction de 3 600 personnes. Mais pratiquement sur le terrain, les troupes déployées resteront quasiment identiques, soit environ 16 000 Casques bleus réellement déployés. Ce qui laisse subsister une marge de manœuvre qui permettrait le déploiement éventuel des troupes canadiennes, si le gouvernement en décide ainsi.
En effet, le gouvernement libéral avait promis d’augmenter le rôle du Canada dans le monde, tout en exprimant son intention de déployer jusqu’à 600 militaires et 150 policiers canadiens au sein des missions de maintien de la paix des Nations unies, notamment en Afrique, avec un budget de 450 millions dollars sur trois ans. Mais jusqu’à ce jour, le choix de la mission où nos troupes seront déployées se fait toujours attendre.
Un choix cornélien pour une mission
Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan a fait une tournée africaine en août dernier pour justement explorer les possibilités d’engager des troupes canadiennes dans une des missions des Nations unies actuellement déployées dans le continent. Il reste que le choix pour une mission où le Canada devra déployer ses troupes, loin d’être fortuit, sera guidé par un certain nombre de considérations politiques, économiques et sécuritaires, et ce, en tenant compte, bien évidemment, de la sécurité nationale et de nos intérêts géostratégiques dans ce continent. En pole position des intentions canadiennes, par ordre de préférence, figuraient notamment le Mali, la République démocratique du Congo (RDC), la République centrafricaine (RCA) et le Soudan du Sud.
Dans tous les cas, il serait invraisemblable que le Canada engage des troupes dans une opération militaire qui risquerait de mettre en danger leur sécurité, ainsi que celle des citoyens canadiens. Or, de ces quatre missions des Nations unies en Afrique, il y a lieu de noter toutefois que celle du Mali est sans doute la plus dangereuse, en ce qui concerne la sécurité des Casques bleus. Depuis le début de cette mission en 2013, plus d’une centaine de Casques bleus ont déjà péri dans des affrontements armés avec les groupes rebelles ayant des ramifications transfrontalières avec les terroristes dans cette région du Sahel difficilement contrôlable.
De plus, en déployant un nombre aussi important des troupes dans une mission, tactiquement, le Canada voudrait bien prendre le commandement de la mission. Or, en mars dernier, l’ONU avait déjà nommé un Général belge, en tant que commandant militaire des opérations au Mali.
Est-il encore possible à la Monusco?
Jusqu’avant la Résolution du Conseil de sécurité, la RDC était dans une meilleure position à bien des égards, étant donné que le Canada est déjà intervenu dans ce pays en 1960, alors que le Congo sombrait dans le chaos au lendemain de son accession à l’indépendance. Le Canada avait, fort de son expérience dans les opérations de maintien de la paix, joué un rôle déterminant au sein de la mission des Nations Unies au Congo (ONUC) de l’époque pour rétablir la paix et la stabilité de ce pays. Et depuis, le Canada a toujours été à l’écoute et sensible aux problèmes congolais.
Bien que la Résolution 2348 (2017) a réduit les effectifs de la Monusco, elle lui confie en même temps un autre mandat prioritaire d’appuyer la mise en œuvre de l’accord de 31 décembre 2016, communément appelé Accord de la Saint-Sylvestre. Ce qui voudrait dire qu’il est encore possible pour le Canada de jouer un rôle déterminant au Congo pour aider ce pays à se sortir d’une impasse politico-sécuritaire qui dure depuis trop longtemps.
En effet, même si le Canada n’a pas encore formellement déposé son plan de déploiement de Casques bleus pour une quelconque mission de paix des Nations unies, la semaine dernière, le premier ministre canadien Justin Trudeau a apaisé les craintes de tous ceux pensaient que les priorités canadiennes auraient changées avec l’arrivée au pouvoir de la nouvelle administration américaine. Il a appelé à la patience, en soulignant que «Nous demeurons engagés, mais nous allons prendre notre temps pour s’assurer qu’on fait la bonne chose […] C’est pour ça qu’on est en train de réfléchir de façon très responsable et attentive à comment nous pouvons aider le mieux possible».
Le ministre de la Défense, Harjit Sajjan a renchéri pour sa part que «la décision d’envoyer des troupes n’importe où dans le monde est une décision très importante pour tout gouvernement. Nous étudions toutes les missions et leur complexité».
Comme quoi le déploiement de troupes canadiennes en Afrique se trouve encore sur la table à dessin du premier ministre canadien et de son ministre de la Défense.
Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue
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