Opinion/Seul le langage de la force viendra à bout du président gambien
Voilà une fenêtre d’opportunité à ne pas manquer. Sinon, on attendra qu’il se réinstalle puis se remet à l’aise dans son sinistre élan de confiscation de la souveraineté populaire pour ensuite pleurer sur notre sort de victimes d’un aliéné, allié des gangsters et pilleurs en Casamance. Maintenant qu’il s’est révélé fourbe et renégat, Yaya Jammeh doit subir, il faut l’acculer, lui signifier clairement que : c’est trop tard, la seule issue possible, c’est se livrer vaincu et prêt à répondre de ses énormités. Il n’est ni fou ni possédé, il cherche à jouer son va-tout, en espérant se prémunir contre d’éventuelles poursuites, faute de rester Babili Mansa.
La CEDEAO est aussi une communauté des droits de l’homme, en plus de l’esprit communautaire. La Charte Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples à laquelle ont adhéré les Chefs d’État et de Gouvernement de la CEDEAO a été incorporée au Traité révisé en 1993. À ce titre, l’organisation peut intervenir bel et bien. Certes, les organisations régionales ne peuvent intervenir qu’après accord du conseil de sécurité. Cependant, le veto russe en faveur du l’insignifiant Jammeh, fumiste des temps modernes, est difficilement envisageable. Pourquoi la Russie rechignerait à donner son accord contre la volonté affichée de tous les autres membres de la CEDEAO? Elle a plus à gagner en s’alignant stratégiquement sur eux que sur les conneries de l’imbécile de kanilai qui, du reste, ne lui apporte rien du tout.
Quelle diplomatie? Diplomate au moins avec un négociateur, habile à tout le moins avec un censé, Yaya Jammeh est un dictateur qui ne fléchit qu’à l’intimation des rapports de force. Il use et abuse de l’argument de résistance à l’oppression contre l’occident que pour brimer ses semblables. Il est pire que le colon, c’est un diablotin qui retourne en sa seule faveur l’insigne goût populaire au refus. Son penchant feint vers l’islam est leurre et lueur, prétexte anticolonialiste au goût du jour. Il s’associe à l’exhibitionnisme de son lieutenant général et chef d’État-major des armées gambiennes, Ousmane Badjie, couvert de gris-gris. Pourtant, sa politique du tourisme a toujours impliqué un niveau de tolérance et d’acceptation des cultures et des coutumes étrangères pour des besoins bassement économiques. Jammeh a déjà promu l’image d’une Gambie qui n’a jamais subi l’existence de groupes islamistes radicaux et d’attentats salafistes.
Il veut tromper son monde. Le Sénégal se doit d’être proactif plus que jamais, pragmatique comme tout, jusqu’à envisager l’intervention militaire en désespoir de cause. Il y va de la cohésion nationale et de la protection de ses ressources forestières. Sous réserve de l’appréciation avisée des forces de défense, le Sénégal a une carte inattendue à jouer. Jammeh, le farfelu, doit libérer le plancher au mieux. Fou furieux, le langage de la diplomatie lui est impénétrable. La grandeur de l’idéal démocratique lui est inaccessible, ses faiblesses et ses petits plaisirs l’ont déjà condamné à la divagation sans fin.
Pour rappel, la confédération de Sénégambie est dissoute en septembre 1989 à la demande du Sénégal. En 1990, Abdou Diouf interdit tout commerce avec la Gambie. Tous les postes et bureaux de douanes avaient reçu des notes secrètes leur interdisant le dédouanement des marchandises en provenance de la Gambie. L’exportation des bonbonnes de Gaz, du ciment, du fer, des produits de quincaillerie et de beaucoup de denrées de premières nécessités étaient soumis à des contrôles rigoureux. La sortie des devises vers la Gambie était limitée à 50 000 frs CFA par voyageur. Ces mesures ont fait flamber les prix en Gambie et ont créé des pénuries insupportables pour les populations.
La Gambie a essayé de se tourner vers le Nigéria pour s’approvisionner en carburant afin de faire tourner son unique centrale électrique et son parc automobile, mais les économies des deux pays étaient tellement imbriquées que les effets étaient durement ressentis du côté gambien. C’est cette situation qui a favorisé le coup d’État de 1994, ourdi par des militaires de la « National Army of Gambia » formés par l’Armée Sénégalaise. Ils étaient un groupe de cinq officiers dont Yaya Jammeh, le barbare. Ce dernier a éliminé un à un ses complices jusqu’à exercer, à lui seul, le pouvoir devenu décidément despotique.
Birame Waltako Ndiaye
waltacko@gmail.com
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