Une brouille diplomatique jette un froid entre la France et le Maroc
Rabat ne décolère pas, Paris fait le dos rond. Une semaine après le déclenchement d’une rare querelle diplomatique entre deux pays aux relations d’ordinaire bien huilées, la tension a même augmenté d’un cran avec une lourde mesure de rétorsion prise par le Maroc.
Ulcéré par des plaintes pour complicité de torture à l’encontre du patron du contre-espionnage marocain et par une demande d’audition effectuée sans égards diplomatiques, Rabat a annoncé, mercredi soir, la suspension de sa coopération judiciaire avec la France. Une décision potentiellement lourde de conséquences et qui a surpris à Paris, où les plus hautes autorités – du président François Hollande au chef de la diplomatie, Laurent Fabius, en passant par la Garde des Sceaux, Christiane Taubira – s’efforcent, depuis une semaine, de « fournir des explications », de « dissiper les malentendus », et ne cessent d’assurer Rabat de la « constante amitié » franco-marocaine. Peine perdue. « Le gouvernement français n’a pas respecté les accords judiciaires qui le lient avec le gouvernement marocain » et Rabat « n’a pas encore reçu d’explications concernant ce qui s’est passé », a réitéré, hier, le porte-parole du gouvernement marocain. Tout est parti de la descente d’une demi-douzaine de policiers, le 20 février, à la résidence de l’ambassadeur du Maroc dans la banlieue huppée de Neuilly-sur-Seine.
Ces derniers sont venus notifier au patron du contre-espionnage, Abdellatif Hammouchi, une demande d’audition de la justice française, qui agit en vertu du principe de compétence universelle. M. Hammouchi fait l’objet de plusieurs plaintes déposées par des Ong défendant des victimes de torture, dont deux Franco-Marocains.
Si à Paris on concède « des maladresses et des dysfonctionnements » dans la façon dont a été signifiée sa demande d’audition à M. Hammouchi, certains s’étonnent toutefois d’une réaction « hystérique ».
Le Sahara occidental est une ex-colonie espagnole contrôlée par le Maroc, mais revendiquée par les indépendantistes du Polisario soutenus par l’Algérie, le grand rival du royaume hachémite. L’année dernière, la volonté des Etats-Unis d’inscrire un volet « droits de l’Homme » dans le mandat de la Minurso avait provoqué la fureur de Rabat et contraint Washington à reculer, notamment sous la pression d’autres pays occidentaux, France en tête. Paris soutient traditionnellement à l’Onu la position de Rabat.
AFP
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