Francophonie: Félix Tshisekedi n’a toujours pas un représentant personnel
Comme il est de coutume dans l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), tous les chefs d’État et de gouvernement membres, aussitôt élus, désignent leurs Représentants personnels auprès de la Francophonie, pour veiller au suivi et à la mise en œuvre des résolutions et recommandations adoptées par ceux-ci, lors du Sommet de la Francophonie qui a lieu tous les deux ans.
Généralement, les chefs d’État et de gouvernement membres ne se réunissent que chaque deux ans pour débattre de l’avenir de l’Organisation et définir les grandes orientations stratégiques qui guident l’action du secrétaire général de la Francophonie. Ce sont les représentants personnels des chefs d’État et de gouvernement qui se réunissent régulièrement en session ordinaire du Conseil permanent de la Francophonie (CPF) ou même en session extraordinaire lorsqu’il y a une situation préoccupante qui touche l’un des pays membres.
Le CPF est donc l’instance qui est habilité à veiller au bon fonctionnement de l’Organisation, dans le respect des politiques, programmes et budgets définis, notamment à l’exécution de toutes les décisions prises par la Conférence ministérielle de la Francophonie (CMF), à l’examen de la situation politique et de veiller à l’état des pratiques de la démocratie, des droits de la personne et des libertés civiles dans l’espace francophone.
Près de dix mois après son entrée en fonction, le président Tshisekedi n’a toujours pas désigné son Représentant personnel auprès de la Francophonie, pour veiller aux intérêts stratégiques de la République démocratique du Congo (RDC) qui est par ailleurs le plus grand pays francophone au monde, de par son importance numérique et son poids démographique considérables.
Qui plus est, dans une entrevue accordée, en décembre 2018, à l’émission » Débriefing » de B-One TV Congo animée par la journaliste Mamina Masengo, l’ambassadrice Isabel Machik Ruth Tshombe, qui était nommée à ce poste depuis 2000, le dit très clairement :
» Tout ça dépendra d’abord du choix du prochain président de la République, parce que c’est à sa discrétion de choisir qui va le représenter. Mais par ailleurs, je pense que j’ai rendu service à la Nation, j’ai fait le travail qui m’a été demandé. Et, si véritablement il faut choisir entre la Francophonie et travailler pour le Lualaba, je pense que je serais beaucoup plus utile au Lualaba. Mais simplement je crois que, il faut aussi savoir partir et il faut aussi préparer la relève. Parce que chez nous, c’est ça qui est un petit peu malheureux, moi quand j’ai commencé en Francophonie, je n’ai même pas eu de remises-reprises, donc j’ai dû moi-même faire les recherches, faire le travail pour finalement structurer le Commissariat et avoir les personnes qu’il faut à la place qu’il faut. Donc, il faut aussi que je puisse accompagner celle ou celui qui me remplacera. Et là, bien sûr que je le ferais avec bonheur, parce qu’un pays n’évolue bien que quand on arrive à continuer la chaîne. On ne peut pas se scléroser à un poste, Francophonie c’est moi, c’est Isabel Tshombe, non. […] Je suis là, c’est Laurent Désiré Kabila qui m’a mis à la Francophonie quand j’étais justement vice-ministre à la coopération régionale. Je m’occupais de la Francophonie et j’étais représentante personnelle depuis 2000. Je crois en bon petit soldat, j’ai cas même fait ce qu’il fallait. Il est temps de passer à autre chose « .
Cette grande dame qui a servi son pays pendant près de 20 ans à la Francophonie, ne demande qu’une chose, de lui trouver une ou un remplaçant et lui donner l’opportunité de relever d’autres défis auxquels le pays est confronté.
Il y a donc urgence et nécessité que le président de la République désigne son Représentant personnel à la Francophonie, surtout que la RDC, en acceptant d’organiser les Jeux de la Francophonie en 2021, devra mettre les bouchées doubles pour rattraper le retard et faire en sorte que ces Jeux se tiennent dans des bonnes conditions.
C’est donc pour dire que ça ne devrait pas être un choix hasardeux. Le président Tshisekedi devra choisir une personne en qui il a confiance, mais une personne ayant une très bonne connaissance de l’Organisation, du travail effectué par celle-ci et qui est familière aux arcanes de la diplomatie francophone. Une personne qui démontre un intérêt particulier pour le bon fonctionnement de la Francophonie.
Il est toutefois important de mentionner que peu importe son importance numérique et son poids démographique considérables qui font de lui le premier pays francophone au monde, la RDC a très peu d’influence au sein de l’OIF. Les pays qui exercent une influence et une autorité considérables sont ceux qui occupent les fonctions stratégiques dans cette Organisation. Ainsi, de par la nature des fonctions qu’ils occupent au sein de l’organigramme de cette organisation, ils orientent l’action de l’OIF dans le sens des intérêts stratégiques nationaux.
À ce jour, il n’y a aucun ressortissant congolais qui occupe un poste de direction, ni dans les différentes directions à l’administration centrale à Paris, ni dans les quatre Représentations permanentes auprès des Nations unies à New York et à Genève, à l’Union européenne à Bruxelles et à l’Union africaine à Addis-Abeba, ni dans les Bureaux régionaux à travers les cinq continents, ni dans les Organes subsidiaires de l’Organisations et ni même dans le Cabinet de la secrétaire générale de la Francophonie.
Le Représentant personnel devra également jouer le rôle de conseiller spécial du président de la République en charge de tous les sujets qui touchent, de près ou de loin, à la Francophonie, pour mieux lui fournir régulièrement des conseils, avis et considérations en temps opportun et s’assurer que la RDC puisse prendre une part active aux différents programmes mis en oeuvre au sein de l’OIF.
Par Isidore KWANDJA NGEMBO, Politilogue
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