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Algérie-Maroc : une ONG appelle la France à intervenir pour rouvrir la frontière

Cet appel à l’ingérence de l’ex-puissance coloniale dans les affaires du Maghreb met en évidence la déliquescence des Etats de la région qui savent toutefois, se montrer puissants quand il s’agit de réprimer leurs sujets.

L’ONG Oxfam France, membre de la confédération internationale Oxfam, a diffusé un document sur le coût du non-Maghreb, à l’occasion du 20eme anniversaires de la fermeture des frontières entre l’Algérie et le Maroc. Il ressort en substance que les difficultés socioéconomiques des pays de la région sont le résultat du différend opposant la monarchie marocaine et l’Etat algérien, au sujet de la question du Sahara occidentale.

Il est rappelé que la désintégration économique représente un manque à gagner d’environ 3 % du PIB global des économies de la région, estimé en 2013 à 441 milliards de dollars. Ce qui donne une perte de pas moins de 10 milliards de dollars par an, souligne Oxfam France en citant un rapport élaboré par la Commission économique pour l’Afrique de l’ONU.

Cette situation est le résultat de la faiblesse des échanges inter-maghrébins. Les exportations à l’intérieur de la région ne représentent, en 2012, que 3.3 % du total des exportations des 5 pays du Maghreb, soit le taux d’échange régional le plus bas au monde.

L’inexistante d’un ensemble économique maghrébin rendrait la région « moins attractive » pour les investissements et encourage les fuites de capitaux, estimées à environ 8 milliards de dollars par an, a-t-on expliqué.

Course à l’armement

Le document d’Oxfam, bien fourni en références académiques et institutionnelles, a mis en exergue la rivalité militaire entre l’Algérie et le Maroc. Les deux pays voisins connaissent une augmentation exponentielle de leurs dépenses de défense ces dernières années.

De 2007 à 2013, la part des dépenses militaires dans le PIB a augmenté de 19% au Maroc (en passant de 3,2% en 2007 à 3,8% en 2013) et de plus de 65% en Algérie (de 2,9% en 2007 à 4,8% en 2013), a souligné l’ONG en se référant aux données du Spiri. En 2012, puis en 2013, les deux pays figurent dans le top 20 des pays qui ont le plus dépensé (ratio dépenses/PIB) pour leur armement au monde.

Les pertes économiques dues à la désintégration économique, ajoutées à l’orientation d’une large part des ressources des deux pays aux dépenses militaires, deviennent « plus inquiétantes lorsqu’on les compare avec les défis sociaux » auxquels sont confrontés les populations. Le document cite notamment le chômage, la pauvreté et les carences des systèmes de santé au Maroc et en Algérie. Les deux pays ont été classés respectivement 130e et 93e dans l’indice de santé du PNUD, couvrant 187 pays.

Le rôle du « partenaire privilégié »

Pour les rédacteurs du document, la France de par son statut de « partenaire privilégié » du Maghreb « devrait déterminer ( …) le rôle positif qu’elle pourrait jouer pour aider à l’apaisement des tensions en vue de la réouverture de la frontière entre les deux pays ». La France devrait, aussi, « s’engager activement auprès de toutes les parties prenantes au conflit en faveur d’une solution politique juste et durable, mutuellement acceptable et respectant le droit à l’autodétermination de la population sahraouie conformément au droit international ».

Plus loin encore, l’ONG considère que la « France devrait envoyer des missions parlementaires sur le terrain pour constater l’impact humanitaire et social du conflit sur les populations affectées, et pour formuler des recommandations définissant le rôle que la France devrait jouer afin d’améliorer les conditions de vie de ces populations ».

Cet appel à l’ingérence de l’ex-puissance coloniale dans les affaires du Maghreb met en évidence la déliquescence des Etats de la région qui savent toutefois se montrer puissants quand il s’agit de réprimer leurs sujets.

Source: El Watan

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