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Togo/Crise post-électorale : l’opposant Agbeyome Kodjo disposé à affronter la justice

Agbéyomé Kodjo après avoir voté dans un bureau de Lomé, le 22 février 2020. REUTERS/Luc Gnago

Accusé d’actes subversifs, le candidat arrivé en seconde position de l’élection présidentielle du 22 février et qui revendique toujours sa victoire, a finalement réagi. Sur une chaîne radio de Lomé, Agbeyome Kodjo dit n’avoir pas peur de la justice.

« Je suis à la disposition du procureur de la république à tout moment. Je suis prêt », a-t-il déclaré ce jeudi sur le média privé. Pour le candidat de la dynamique, il ne fait ombre de doute qu’il est objet d’un acharnement. « Vous ne pouvez pas voler les suffrages de quelqu’un et l’emmerder. Nous somme six (06) candidats de l’opposition à la présidentielle, et pourquoi c’est moi seul qu’on harcèle. Ils n’ont qu’à amener les fusils pour me tuer en même temps, les Togolais sauront que je suis mort pour eux », s’est emporté le président du parti MPDD.

Visiblement, Agbeyome Kodjo n’en démords pas. Lors de sa sortie sur la chaîne radio, il a répondu à ses détracteurs qui ont fait ces derniers des sorties intempestives sur des radios privées de la capitale Lomé. « Ils sont dans une logique. Si l’acte qu’ils (Ndrl, les députés qui ont voté la levée d’immunité parlementaire d’Agbeyome) ont posé fait avancer le pays au nom de l’institution que j’ai eu la chance de diriger, l’histoire nous le dira », a-t-il déploré. Faut-il le rappeler, le candidat arrivé en deuxième position a été président de l’assemblée nationale togolaise.

Petit rappel des faits

Le lundi 16 mars dernier, les députés togolais ont procédé au vote de la levée d’immunité d’Agbeyome Kodjo, suite à la requête du procureur de la république. 80 députés sur 90 ont voté pour la levée d’immunité. Seuls deux (02) ont voté contre tandis que huit (08) se sont abstenus. Le procureur de la république a donc reçu un blanc-seing pour inviter le président du MPDD à se présenter à la justice.

« Le but de cette levée d’immunité est de permettre au député (Ndrl, Agbeyome Kodjo) de se défendre devant la justice », a déclaré Yawa Tsegan, présidente de l’assemblée nationale. « Toute cette machination n’est qu’une véritable atteinte à la volonté populaire », a dénoncé François Boko, ancien ministre de l’Intérieur sur son compte twitter 10 mars dernier, suite à la requête du procureur de la république.

L’exposé des motifs

Tout est parti d’une saisine de la présidente de l’Assemblée nationale togolaise par le procureur de la république. Ce dernier, dans une correspondance adressée à la représentation nationale, fait part d’un certain nombre d’accusations à l’égard du candidat Agbeyome Kodjo. « En s’érigeant en président de la république élu au mépris des résultats définitifs de la Cour constitutionnelle et en procédant aux actes subséquents (nomination d’un premier ministre, création d’un site web officiel, etc…) alors même que le mandat du chef de l’Etat actuel est toujours en cours, le député Agbeyome Kodjo accomplit ainsi, entre autres des actes subversifs ; ce faisant, il tente de supprimer les institutions de la république régulièrement établies », peut-on lire dans la correspondance envoyée à Yawa Tsegan, présidente de l’assemblée nationale togolaise.

Toujours dans le courrier, Essolissam Poyodi, le procureur de la république demande à l’hémicycle togolais de « décider de ce que de droit ». En clair, il requiert la levée d’immunité du candidat Agbeyome comme il l’a mention dans l’objet du courrier adressé au parlement. Faut-il le rappeler le candidat de la dynamique Kpodzro est député à l’assemblée nationale togolaise. Dès la réception du courrier, la dynamique a animé dans la soirée du 10 mars 2020 un point de presse dans le domicile de son candidat. Devant les médias, les membres de la dynamique ont fait part du contenu du courrier de Yawa Tsegan adressée à leur candidat. Il est demandé à ce dernier de se présenter le mercredi 11 mars 2020 à l’assemblée nationale. Agbeyome s’est fait représenter. Mais le vote a été reporté.

L’étau se resserre autour d’Agbeyome

Les choses sont allées très vite. Avec une célérité étonnante. Une commission spéciale « chargée d’instruire la demande de levée de l’immunité parlementaire du député Gabriel Messan Agbeyome Kodjo » a été mise en place. Elle est composée des élus dont la moitié est du parti au pouvoir l’Union pour la république (UNIR). C’était prévisible qu’avec le jeu de calculs politiques, Agbeyome a très peu de chance de s’en sortir. Il n’y a pas de doute que sa tête a été mise à prix. Longtemps même.

En effet, au lendemain de l’élection présidentielle, le très tonitruant député Abass Kaboua du Mouvement des républicains centristes (parti satellite de l’UNIR) avait laissé entendre qu’il sera le premier à voter la levée d’immunité du candidat arrivé en deuxième place. A cela s’ajoute l’enlèvement d’Otto Koashie Apedo, conseiller spécial et responsable de la sécurité du candidat Agbeyome. Il a été enlevé dans la nuit du 09 mars à son domicile à Zanguéra, banlieue nord-ouest de Lomé.

Dans la foulée de la levée de l’immunité d’Agbeyome Kodjo, ancien président de l’assemblée nationale, l’évêque émérite Fanoko Kpodzro, a invité les Togolais « à sonner la résistance légale généralisée ». Au Togo, les lendemains électoraux riment toujours avec des crises. C’est encore le cas après la présidentielle du 22 février dernier.

Par Anani GALLEY, correspondant au Togo

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