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Opinion: Michaëlle Jean totalise une année depuis son élection à l’OIF

Il y a exactement un an que Michaëlle Jean a été désignée secrétaire générale de la Francophonie par les chefs d’État et de gouvernement membres de l’Organisation internationale de la Francophonie (OIF), réunis au XVe Sommet de Dakar du 29 au 30 novembre 2014. Une élection qui a été vivement saluée aussi bien par le Canada et ses deux provinces (Québec et Nouveau-Brunswick) qui avaient présentés et soutenus cette candidature, que par l’ensemble de la communauté francophone de cinq continents. L’élection de Mme Jean était donc considérée comme un symbole d’une avancée significative sur la voie de l’équité, de l’égalité homme-femme et de la non-discrimination au sein de l’OIF.

Pendant la campagne pour son élection à l’OIF, Mme Jean a fait un plaidoyer pour la Francophonie économique comme moteur essentiel du développement économique, social et culturel de l’espace francophone. Une Francophonie qui promeut la croissance économique et la prospérité; l’éthique du partage, du développement durable et de la solidarité; et la promotion de la langue française dans le monde. Elle a également promis l’élaboration et la mise en œuvre d’une stratégie pour aider les femmes et les jeunes à occuper la scène économique.
Au Sommet de Dakar, neuf résolutions ont été adoptées et devraient être exécutées au cours de son mandat de quatre ans à l’OIF, notamment sur les situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l’espace francophone; le terrorisme; mais aussi l’éducation et la formation des femmes et des jeunes à l’ère du numérique; la promotion de la diversité des expressions culturelles, etc.

Une année après, qu’est-ce qu’on peut déjà observer?

Dès les premiers jours de son entrée en fonction jusqu’à l’aube de sa première année à la tête de l’OIF, l’avènement de Michaëlle Jean à la Francophonie est marqué par une succession d’attentats terroristes dans plusieurs État membres. On n’a qu’à se rappeler des attaques terroristes de janvier et très récemment en France avec des répercussions en Belgique, en Tunisie, au Mali, au Liban, au Cameroun, au Tchad, au Niger. À cela s’ajoute les conflits armés qui ne s’estompent pas en République centrafricaine, en République démocratique du Congo, en Ukraine, avec leur lot quotidien de violations systématiques des droits de la personne.

Et comme si cela ne suffisait pas, il y a une difficulté réelle dans l’organisation des élections libres, transparentes et équitables dans des nombreux États francophones. Le cas actuel au Burundi en dit long sur les sérieuses préoccupations qu’éprouvent des nombreux États à respecter les principes démocratiques, la primauté du droit et le respect des droits de la personne. On observe que, dans la plupart des pays où les élections sont mal organisées, entachées de fraudes et d’irrégularités, elles aboutissent très souvent par des contestations violentes et des bains de sang.

Mais au-delà de cette réalité très préoccupante et de turbulences qui secouent actuellement l’espace francophone, il y a une réelle volonté, dans le chef de la secrétaire générale de la Francophonie, de mobiliser les dirigeants francophones et mondiaux à s’attaquer aux problèmes urgents pour lesquels des solutions immédiates sont nécessaires pour prévenir les menaces terroristes et garantir la paix et la sécurité internationale.

Mme Jean essaye dans la mesure du possible de maintenir cap sur l’essentiel des mandats et des objectifs ambitieux qui lui ont été assignés par les chefs d’État et de gouvernement de l’OIF. Ainsi, elle s’invite sur toutes les tribunes pour encourager les États à la nécessité de resserrer les liens de coopération entre eux pour contrer cette menace terroriste, commune à toute l’humanité.

crédit photo: Francophonie

crédit photo: Francophonie

Dans la plupart de ses interventions, Mme Jean croit que la manière efficace de lutter contre le terrorisme, est de prendre en compte également la dimension économique et les besoins de développement des populations pauvres, et ce, en investissant dans l’éducation et la formation des jeunes pour leur offrir des perspectives d’avenir. Par l’éducation et la formation de la jeunesse, l’OIF contribue à la lutte contre l’embrigadement idéologique et l’extrémisme religieux des jeunes et ainsi prévient leur implication dans des conflits armés et la perpétration des actes barbares qui affligent et endeuillent les populations francophones.

Mme Jean est en train de poser, petit à petit, les bases nécessaires pour la matérialisation de l’ambitieux projet de la Francophonie économique, en créant des espaces communs et favorables au rapprochement et échanges des savoir-faire et expériences entre les opérateurs scientifiques, économiques, sociaux et culturels, pour favoriser le développement économique, social et culturel de l’espace francophone.

Développement et démocratie sont complémentaires et étroitement liés

Dites-vous bien que le succès de la Francophonie économique passera notamment par l’instauration d’une démocratie véritable, avec ses attributs de primauté du droit, du respect des droits de la personne, de la liberté d’expression et de manifestation pacifique, et de la reconnaissance de la dignité intrinsèque de chaque être humain.

Le processus électoral est certes une composante essentielle de la démocratie, mais la démocratie ne se limite pas aux élections libres et équitables. À ce propos, on observe que des élections sont organisées et en voie d’être organisées dans plusieurs pays de l’espace francophone. Mais cela ne suffit pas pour croire que ces États sont devenus des démocraties. La démocratie représente bien davantage : c’est le respect par tous de la prééminence du droit et de lois fondamentales des États.

Nombreux observateurs avaient cru et fondent encore de grands espoirs que l’arrivée de Mme Jean à l’OIF pourrait faire avancer, au sein de l’espace francophone, les valeurs fondamentales de liberté, de démocratie, de l’État de droit et des droits de la personne, sans lesquelles, il est impensable d’imaginer la paix, le développement et le bien-être humain.

L’OIF ne pourra apporter des réponses efficaces aux nombreuses situations de crise, de sortie de crise et de consolidation de la paix dans l’espace francophone que lorsqu’elle saura agir sans complaisance pour le respect des principes et valeurs de démocratie, d’État de droit et du respect des droits de la personne, qui sont par ailleurs communs à tous les États membres.

Nombreux francophones s’attendent à ce que Mme Jean soit vigilante et intransigeante envers tous ceux qui tentent de modifier les lois fondamentales pour s’éterniser au pouvoir. Nous croyons encore en l’engagement de Mme Jean à œuvrer inlassablement, durant les trois prochaines années de son mandat, en faveur du respect par tous, sans aucun laxisme, de valeurs fondamentales de l’OIF, pour qu’enfin, la plupart d’entre nous francophones puissent aspirer au développement et au bien-être social.

Isidore KWANDJA NGEMBO, Politologue

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