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« Nous sommes en panique » disent les étudiants africains en Ukraine

Façade du bâtiment rouge de l'Université Taras Shevchenko de Kiev

Nous sommes en contact avec des Africains vivant en Ukraine, dont beaucoup sont là en tant qu’étudiants, pour savoir comment s’est passée ce jour avec le début de l’opération militaire russe.

« C’était vers 6h et 5h du matin en Ukraine ici, et on a entendu des tirs très lourds. Ça a tellement créé la panique », nous expliquent Issa Da Silva, un Sénégalais qui vit en Ukraine depuis 2014. Après avoir terminé ses études, il est resté travailler à Kiev.

« Les tirs étaient un peu ciblés parce qu’ils n’ont tiré que sur les bases militaires ukrainiens et c’étaient des tirs aériens. … La situation actuellement, il y a beaucoup de panique. Que ça soit les citoyens ou les étrangers, tout le monde est en panique. Ce qui est demandé est que tous, nous restions ensemble, c’était la déclaration du président Zelensky. Il a demandé à ce que tous les citoyens et les étrangers restent sur place et que personne ne bouge. Au-delà de ça, ils ont déclaré un couvre-feu à partir de minuit, que personne ne circule dehors », poursuit-il.

Le Sénégal n’a pas de représentation diplomatique en Ukraine.
« On nous avait fait parvenir une note parce qu’ici en Ukraine, on n’a pas une représentation diplomatique, c’est-à-dire qu’on n’a pas une ambassade ici. Notre ambassade se trouve en Pologne », confie-t-il à la BBC.

« Au cas où les choses vont déborder, ils vont nous faire rapatrier vers la Pologne. Ils sauront si la situation va en rester là, sinon si les tirs continuent, peut-être que dans les 72 heures ils vont nous évacuer », dit-il.

Jessica Orakpo est une étudiante nigériane en médecine à l’université médicale nationale de Ternopil, dans l’ouest de l’Ukraine.

« Ce matin, j’ai été réveillée par un appel d’une étudiante et elle était très hystérique en pleurant….Elle m’a appelée pour me dire qu’il y avait eu une invasion de l’armée russe à Kiev et que les vols n’étaient pas disponibles pour le moment », raconte-t-elle à la BBC.

« C’était effrayant parce que vous voyez littéralement les gens monter dans leurs voitures et emballer leurs affaires… Je suis allée acheter des médicaments de base et du Pandadol pour le stress ou autre. Je n’ai pas pu en acheter car la file d’attente était très longue dans les supermarchés. Les étagères sont vides et l’eau et d’autres choses, elles ont disparu. Il y a donc une panique générale. Les gens achetaient. Les gens essayent de faire des réserves. Même la station-service est pleine, et à un moment donné, la station-service a arrêté de vendre de l’essence. »

Elle dit qu’elle prévoit de rester sur place pour le moment.

« J’ai vraiment envie de partir, mais je suis face à un dilemme. Je veux obtenir mon diplôme – je suis ici depuis 7 ans – la peur de tout recommencer est effrayante. Je veux obtenir mon diplôme…. si je dois être évacuée, qu’adviendra-t-il de mes études ? »

« Pour l’instant, je suis en sécurité dans mon appartement. Mon ami et moi restons ici. S’il y a des menaces ou si nous entendons une sirène, il y a un bunker à trois minutes de là. »

Mais elle a peur.

« Oui, en fait, je le suis, mais je fais bonne figure car je ne veux pas paniquer…. Je dois avoir mes documents et mes fonds d’urgence réunis. J’ai préparé un sac d’urgence, juste au cas où. »

« Nous craignons pour nos vies »

Un étudiant nigérian en Ukraine, George Samuel Woedey, explique que la situation en Ukraine est grave et que lui et de nombreux autres étudiants ont peur de ce qui pourrait leur arriver.

Woedey a confié à la BBC Pidgin que lui et d’autres étudiants prévoient de quitter l’Ukraine par la frontière terrestre parce que le gouvernement a fermé l’espace aérien.

Le Nigérian qui vit à Kiev, la capitale ukrainienne, dit qu’il a l’intention d’aller en Pologne par la frontière terrestre et de quitter ce pays pour aller à Dubaï.

« Tout est difficile depuis le début des tensions entre la Russie et l’Ukraine. En ce moment, tout le monde est en train de faire des pieds et des mains pour trouver une issue », raconte Woedey.

Emmanuel Ibrahim, qui étudie à l’Université nationale aérospatiale d’Ukraine, dit aussi qu’il est en état de panique à cause de l’attaque en cours.

Il ajoute que même si les populations ont peur, certaines d’entre elles poursuivent leurs activités quotidiennes mais les banques ferment.

« Je panique à cause de ce qui se passe en Ukraine. Je ne peux pas quitter le pays pour dire que l’espace aérien est fermé. La Russie n’attaque pas la seule ville proche de la Pologne d’où les gens ne pourront pas s’échapper », explique Ibrahim.

Ibrahim souligne que son école a un bunker où il peut se cacher mais il n’y a pas cours actuellement et il ne peut pas y aller en ce moment parce que la Russie commence à attaquer sa communauté scolaire.

« Les frappes aériennes sont un choc, nous paniquons »

« Les nouvelles sont un choc, ils nous conseillent de ne pas sortir, nous paniquons » Philip Bobie Ansah, président des étudiants ghanéens (NUGS) confie à la BBC Pidgin.

L’ambassade du Ghana en Suisse s’efforce de collecter les données des étudiants ghanéens qui se trouvent en Ukraine en vue d’une éventuelle évacuation lorsque les autorités rendront la chose possible.

« Nous continuons à parler avec eux, l’évacuation est en tête de l’agenda », ajoute-t-il.

« Soit ils seront évacués par voie aérienne lorsque la Russie cessera le feu, soit par voie terrestre vers les pays voisins », explique M. Bobie Ansah.

Mais pour l’instant, il sera difficile d’évacuer en raison du début des frappes aériennes et des avions qui ne pourront pas voler.

Mais si les autorités peuvent les déplacer vers un pays voisin par voie terrestre, par exemple en Pologne, elles pourront les transporter par avion jusqu’au Ghana.

« Nos familles sont inquiètes, elles nous contactent pour savoir ce qui se passe », explique M. Bobie Andah.

Il explique qu’en ce moment même, l’Ukraine a annoncé l’état d’urgence que les autorités suivent pour assurer la sécurité des personnes.

L’ambassade du Ghana en Suisse leur a également demandé de rester calme.

« Nous n’avons jamais de nouvelles du gouvernement nigérian »

Un autre étudiant nigérian, qui se fait appeler Anthony, affirme qu’il est parti en Ukraine et qu’il n’a jamais eu de nouvelles de l’ambassade du Nigéria.

Anthony, qui est resté en Ukraine pendant cinq ans, souligne que lui et d’autres étudiants ont écrit à l’ambassade mais qu’ils n’ont jamais eu de nouvelles. Il dit que son école dispose d’un bunker.

Que disent les gouvernements du Nigéria et Ghana ?

Le gouvernement nigérian rassure les citoyens qui vivent en Ukraine que dès que les aéroports du pays seront ouverts, ils aideront à évacuer ceux qui veulent rentrer au pays.

Le porte-parole du ministère des Affaires étrangères, Francisca Mayuli, signale que l’ambassade du Nigéria en Ukraine rassure les autorités sur la sécurité des Nigérians en Ukraine et prend des mesures pour assurer leur sécurité.

Elle ajoute que la mission du Nigeria confirme que l’action militaire des Russes se limite aux installations militaires de l’Ukraine.

Pendant ce temps, avant que la situation ne s’aggrave, l’ambassade du Nigéria en Ukraine publiera des contacts d’urgence pour les Nigérians qui vivent en Ukraine et les zones proches du pays en cas d’urgence liée à des demandes de renseignements, des demandes consulaires et des demandes d’aide sociale.

Le gouvernement ghanéen, de son côté, publie également une déclaration disant qu’il est préoccupé par la sécurité de ses citoyens en Ukraine.

« Le gouvernement ghanéen est très préoccupé par la sécurité et la sûreté de nos plus de 1000 étudiants et autres Ghanéens en Ukraine. Nous leur demandons de trouver un abri chez eux ou dans des centres d’hébergement publics pendant que nous demandons aux autorités, aux missions diplomatiques concernées et à notre consul honoraire de prendre des mesures supplémentaires », indique la déclaration.

Source: BBC Afrique

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