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Opinion: L’Afrique en dindon de la farce à la COP 21

La Conférence de Paris sur les changements climatiques vise la baisse des émissions de gaz à effet de serre. Les pays industrialisés, rattrapés par leurs excès et leur insouciance, cherchent à nous faire porter collectivement la responsabilité de l’état piteux de la nature. Ils nous disent : « écoutez, maintenant que nous sommes devant le fait accompli, limitons la pollution quitte à tourner le dos au développement. » Pour cela, ils ont créé le concept de développement durable pour faire coïncider action économique et apparence sauveteuse.

Les Européens émettent environ cinquante à cent fois plus de gaz à effet de serre qu’un pays typique africain, et les Américains en émettent cent à deux cents fois plus. La Chine, les États-Unis, l’Inde, la Russie et le Japon se placent en tête des pollueurs et sont à l’origine de la moitié des émissions de gaz à effet de serre. Les engagements de l’Éthiopie à réduire de 64% ses émissions à effet de serre d’ici à 2030 passent pour un acte de divertissement. La protection de l’environnement en Afrique, ce n’est ni plus ni moins y freiner l’industrialisation, maintenir les pays africains en fournisseurs serviables de matières premières. « Fais ce que je dis et ne fais pas ce que je fais », marmonne « big brother ».

Les pays du nord attendent de l’Afrique qu’elle ne suive pas leur exemple d’industrialisation foudroyante qui leur a valu la marque distinctive de pays avancés. En clair, pour maintenir une certaine qualité de vie, ils ont atteint un niveau de consommation – et donc de pollution – qu’ils ne sont pas prêts de réduire. Leur industrie polluante du pétrole des sables bitumeux, leurs déchets ménagers jusqu’à l’impact écologique de leurs voyages d’affaires n’engagent pas la responsabilité de l’Afrique face au réchauffement climatique. Nous, africains, carburons à chauffer la marmite pendant que la manie des milliardaires nous condamne aussi à l’immigration.

Depuis Kyoto, les fiascos se cumulent en raison des contradictions manifestes entre le constat inquiétant de la dégradation des écosystèmes et les standards appropriés de bien-être indivi-duel. « Le Canada ne sera jamais capable de respecter les engagements qu’il avait pris à Kyoto sans faire des choix radicaux et irresponsables » avait dit le ministre canadien de l’environnement en 2011. « Comme le Canada sera incapable de respecter ses engagements, il sera forcé d’acheter des crédits de carbone qui totalisent 14 milliards en guise de compensa-tion ; il préfère donc se retirer de l’entente. »

Les pays industrialisés signataires du Protocole de Kyoto qui se sont engagés à limiter leurs émissions, continuent à exporter leur technologie énergétique d’ancienne génération vers la Chine. L’inde et le Brésil ont certes mis en place des politiques de limitation des émissions de gaz à effet de serre, mais rejettent tout engagement international coercitif qui pourrait menacer leur croissance économique. Pourtant « une augmentation de la température de deux degrés reviendrait à une réduction de 25 pourcent des récoltes de produits agricoles de base, ce qui aboutira à une famine avant 2020 », avait souligné Mama Konaté, membre du groupe Afrique représentant le Mali.

L’Afrique pollue moins, mais subit le plus l’effet de la pollution atmosphérique. En principe, la notion de “responsabilité commune mais différenciée” a permis de dépasser cette opposition Nord-Sud. Le mécanisme pour un développement propre (MDP), une initiative du secteur privé, permet aux industries des pays développés de s’acquitter en partie de leurs obligations en finançant des projets de réduction des émissions de carbone dans les pays en développe-ment. Comble de malheur, la grande quantité des capitaux bénéficient à l’Asie et à l’Amérique latine. Seuls 2% du MDP profitent à l’Afrique.

Birame Waltako Ndiaye

waltacko@gmail.com

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