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La crise sanitaire mène la vie dure aux petits commerçants à Madagascar

Des commerçantes à Madagascar

La crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19 a impacté tous les secteurs de l’économie à Madagascar. Cette crise qui s’est décomposée en crise sociale et économique s’est fait sentir sur le pouvoir d’achat des ménages, la plupart ayant vu leur revenu réduit. Les petits commerçants eux, ont subi un lourd tribut de cette crise.

A l’aube, dès les premiers chants du coq, le jeune René se réveille pour se rendre dans les champs, un lopin de terre hérité de ses grands-parents. Il y cueille des salades qu’il doit monnayer pour nourrir ses cadets. «J’ai 18 ans. J’ai dû quitter l’école il y a deux ans de cela pour aider ma famille à gagner de l’argent » confie-t-il. Même un jour du dimanche, comme celui de ce 13 Septembre, il ne peut se permettre de faire la grasse matinée. Il quitte son domicile à Androhibe vers 6 heures pour se rendre à Andravoahangy, un marché populaire de la capitale malgache. Marchant à pied, tout en poussant une brouette remplie de salades, il met un peu moins d’une heure pour réaliser le trajet. A 7 heures, les premiers clients l’approchent et commencent à marchander. «Depuis la crise sanitaire, le marché est morose. Une botte de salade se vend à 500 Ariary. Auparavant je pouvais vendre jusqu’à 40.000 Ariary de laitues (dans les 8 Euros) un jour de dimanche, mais depuis l’état d’urgence sanitaire, c’est à peine si j’arrive à écouler la moitié. C’est pourtant le dimanche que je réalise le plus de ventes» se désole-t-il.

René se sert de la brouette pour l’étalage de salades

De nombreux petits commerçants de fruits et légumes exercent leurs activités à Andravoahangy. Tous s’accordent à dire que le marché est morose. «On parvenait davantage à écouler la marchandise lorsque les mesures restrictives liées à l’état d’urgence sanitaire nous imposait d’arrêter les activités à 13 heures, les consommateurs se précipitant pour faire les achats» précise Fidy, père de deux enfants. La majorité de ces commerçants vivent au jour le jour pour trouver de quoi nourrir leurs familles.

Depuis quelques semaines, ils peuvent exercer jusqu’à la fin de journée mais…. la clientèle n’est pas au rendez-vous. «Une baisse drastique du pouvoir d’achat de la population est notée puisque des salariés ont été mis au chômage technique, et d’autres ne perçoivent plus qu’un revenu partiel. Pour éviter de laisser faner ou pourrir les marchandises, nous sommes souvent contraints de les liquider» poursuit notre interlocuteur. Il lui arrive de n’obtenir comme recette de la journée que l’équivalent d’un Euro ou un peu moins, l’équivalent d’un Dollar.

Pour rappel, selon les estimations de la Banque Mondiale, 75 % de la population malgache vivaient toujours sous le seuil de pauvreté de 1,90 dollar en 2019. Avec le contexte actuel, les populations vulnérables dans les zones urbaines seront particulièrement exposées aux difficultés économiques et aux pièges de la pauvreté. Les épiceries des quartiers ne manquent pas de noter que des fidèles clients achètent parfois à crédit, en raison des difficultés financières auxquelles ils sont confrontés depuis le mois de Mars 2020. Ce qui ne manque pas d’impacter sur la trésorerie de ces petits commerces.

Parmi les travailleurs qui ont perdu leur emploi, plus d’uns se sont convertis en commerçants ambulants en cherchant à mettre en vente les produits indispensables en ce temps de pandémie. Le port de cache-bouche ayant été rendu obligatoire depuis le 20 Avril dernier, les commerces de masques en tissu pullulent. Elles sont vendues généralement entre 500 à 2500 Ariary, selon leur qualité.

«Si nous n’allons pas mourir du coronavirus, nous allons mourir de faim » avancent certains petits commerçants. D’autres sont animés d’un esprit plus combatif et gardent l’espoir d’un avenir meilleur.

Par Claudia Rasoloson, correspondante à Madagascar

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