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Festival Mundial Montréal : La fureur du live

crédit photo: Julian Apavou
Rendez-vous nord-américain des musiques du monde, le festival Mundial fêtait cette année sa 5ème édition à Montréal. Du 17 au 20 novembre se sont succédé vitrines d’artistes, conférences et autres événements destinés à favoriser les rencontres entre musiciens prometteurs, producteurs inspirés et spectateurs curieux. L’équipe d’AfrikCaraïbMontréal a plongé dans l’atmosphère survoltée du Mundial le temps d’une soirée. Retour sur trois belles découvertes scéniques.

Petit nouveau dans le paysage déjà riche des festivals montréalais, le Mundial ne mise pas sur la facilité : une fin novembre pluvieuse et seulement trois jours pour goûter aux univers multicolores d’artistes venus des quatre coins du globe. Mais contre toute attente, l’ambitieux projet fondé par Sébastien Nasra et Derek Andrews a su trouver son public. Entre speed-dating sonore et fièvre musicale, le novateur Mundial Montréal propose une brochette d’étoiles montantes (ou confirmées) de la world music à couper le souffle, et d’audacieux concepts de soirées.
La formule « va-et-vient » de l’édition 2015 avait en effet de quoi intriguer. Huit performances en tout, deux institutions du boulevard Saint-Laurent (le Divan Orange et le Club Balattou), et seulement quelques minutes pour passer de l’une à l’autre afin d’assister à la succession de shows d’une demi-heure. Grâce à l’énergie des organisateurs, les noctambules de jeudi dernier ont suivi avec un plaisir évident cette vitrine d’artistes au rythme effréné.

Diyet, folk sincère et métissée

crédit photo: Julian Apavou

crédit photo: Julian Apavou

C’est l’auteure-compositeure-interprète yukonaise Diyet (dans le cadre de la série Accents Autochtones) qui a eu la tâche ingrate d’ouvrir le bal. Dans un Divan Orange encore à moitié rempli, ses mélodies folk portées par une voix tour à tour douce et puissante ont dû se frayer un chemin à travers les placotages de comptoir. Pourtant, la chanteuse au charisme indéniable n’a pas vacillé, prenant le temps de tisser un dialogue avec les spectateurs entre deux pièces. Ceux qui ont prêté l’oreille ne l’ont pas regretté : Diyet évoque avec grâce et sensibilité l’amour de sa terre nordique natale, le drame des pensionnats autochtones, l’héritage culturel laissé par ses ancêtres. Si l’émotion est toujours à fleur de peau, elle ne tombe jamais dans le pathos pour autant. Car avec ses ballades éclectiques, Diyet sait insuffler autant d’optimisme que de mélancolie. Du morceau plein d’espoir When you were king à l’accrocheur Like a drum, porteur d’un message de fraternité pour clore sa prestation, c’est sur une note d’enthousiasme à toute épreuve que l’artiste canadienne a ouvert la soirée. Une apparition trop brève, dont on espère qu’elle illuminera bientôt les scènes montréalaises à nouveau.

Élage Diouf, le rythme endiablé de la générosité

crédit photo: Julian Apavou

crédit photo: Julian Apavou

Pour le deuxième show de la soirée, c’est un Club Balattou déjà plein à craquer qui a accueilli Élage Diouf, remplaçant au pied levé le groupe prévu à l’origine. Et pour le plus grand plaisir d’un public conquis, l’auteur-compositeur-interprète et percussionniste québécois d’origine sénégalaise s’en est donné à cœur joie, accompagné de ses trois musiciens.

Une déferlante de titres extraits de son deuxième album solo, sorti au printemps dernier, a mis le feu à la petite scène du Balattou. Est-ce le rythme endiablé des percussions sous les paumes virtuoses du maître Diouf ? Son sourire contagieux ? Ou encore les sonorités envoûtantes du wolof alliées à son timbre profond? Dans tous les cas, il flottait comme un parfum de révolution joyeuse, irrésistible, aussi bien sous les projecteurs que dans la salle. Avec naturel et générosité, l’artiste a même partagé la scène en y invitant un de ses fans en transe, lors d’une brève session particulièrement réjouissante.

Le morceau Mandela, hommage au leader emblématique sud-africain, a conclu le concert-éclair, renforçant le mot d’ordre (involontaire?) de cette vitrine placée sous le signe des messages de paix. Pour ceux qui ne connaîtraient pas encore, les rythmes africains tressés d’influences diverses (blues, rock, jazz…) d’Élage Diouf sont à découvrir de toute urgence.

Cécile Doo-Kingué, les frissons du blues

crédit photo: Julian Apavou

crédit photo: Julian Apavou

Retour au pas de course dans l’atmosphère intimiste du Divan Orange pour la troisième scène de la soirée. Nullement découragé par la pluie qui persistait à l’extérieur, le public désormais bien réchauffé a réservé un accueil chaleureux à Cécile Doo-Kingué. Camerounaise d’origine et New-Yorkaise de naissance, cette citoyenne du monde a captivé la petite foule dès les premières mesures. Mélange unique de blues, groove et soul, la musique de Cécile Doo-Kingué est merveilleusement servie par sa voix exceptionnelle, grave et suave. Véritable bête de scène, elle a aussi régalé les spectateurs de solos de guitare renversants, et su tirer le meilleur parti de sa complicité avec ses deux talentueux musiciens à la basse et à la batterie. Notons que l’artiste a interprété en exclusivité son nouveau single Little bit ainsi que plusieurs extraits de son dernier album Anybody Listening Pt.1 : Monologues, dont le poignant Six letters, rappelant que l’utilisation « à la légère » du terme nigger n’était jamais anodine. En musicienne engagée, elle en a profité pour dédier ce morceau aux populations arabes et musulmanes (tristement qualifiés de sand niggers par certains), victimes de discriminations croissantes en ces temps de conflits et d’amalgames.

Finissant elle aussi sur une note résiliente, la captivante Cécile Doo-Kingué a bouclé sa prestation en beauté, dédiant ce message bien connu aux spectateurs : All you need is love.

Par Xuân Ducandas
son blog:http://parkssa.com/

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