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En Suède, la hausse des frais d’université a fait fuir les étudiants étrangers

Austérité budgétaire oblige, les études supérieures ne sont plus gratuites en Suède pour les étudiants étrangers, ce qui a fait chuter de façon spectaculaire leur nombre, au grand dam des employeurs et des universités, aux bancs parfois dégarnis.

La chute est spectaculaire: la Suède ne compte plus qu’à peine 1.600 étudiants non européens, soit 80% de moins que les 7.600 qu’elle comptait avant l’introduction des frais de scolarité en 2011, d’après la Direction de l’enseignement supérieur.

Cette réforme touche les étudiants dont le pays n’est pas dans l’Espace économique européen et n’a pas de programmes d’échanges avec la Suède.

Principaux concernés: les étudiants asiatiques et africains, qui expliquent pour deux tiers la baisse du nombre d’étudiants en Suède depuis 2011.

Ainsi Zhao Shuqi a vu ses frais d’études augmenter drastiquement, deux ans après avoir quitté la Chine. Son master d’ingénierie électrique à Stockholm lui coûte désormais 290.000 couronnes (près de 33.000 euros) pour deux ans, qu’elle finance grâce à ses parents et à des petits boulots.

C’est l’équivalent de 10 ans de salaires en Chine. « C’est un peu cher, mais ça en vaut la peine », dit-elle à l’AFP.

– Miser sur la qualité –

Jusqu’en 2011, la Suède figurait parmi les rares pays à exempter de frais de scolarité tous ses étudiants sans exception. Elle attirait ainsi des jeunes des quatre coins du globe.

Mais cela avait un coût pour les contribuables. La Suède doit attirer les étudiants parce qu’elle offre « un niveau élevé d’enseignement, pas parce que l’accès à l’université est gratuit », explique à l’AFP l’ancien ministre de l’Enseignement supérieur et de la Recherche, Tobias Krantz, aujourd’hui directeur du département Éducation, recherche et politique d’innovation de la Confédération des entreprises suédoises.

Les études payantes sont la norme dans le monde, et les étudiants suédois qui quittent leur pays sont bien placés pour le savoir, souligne un professeur d’économie de l’Institut Royal de Technologie (KTH), Eskil Wadensjö.

Pour aider les étrangers, la Suède distribue des bourses. Un quart des étudiants étrangers en recevaient une à l’automne 2011. Ces bourses coûtent à l’Etat 160 millions de couronnes (plus de 18 millions d’euros) par an, selon un conseiller du ministère de l’Éducation.

La Suède reste une destination attrayante: l’université KTH, à elle seule, reçoit 5.000 demandes de bourses par an depuis 2010 et ne peut en distribuer qu’une soixantaine, déplore son président, Peter Gudmundson.

Rester en Europe est un rêve que peu arrivent à réaliser. 76% des étudiants étrangers souhaitent travailler en Suède à la fin de leurs études, mais seulement 17% y parviennent, selon un rapport du Boston Consulting Group, paru en janvier.

À la fin de leur cursus, les étudiants étrangers se lancent dans une course contre la montre: ils disposent de 10 jours maximum après leur diplôme pour décrocher un emploi.

« Obtenir un visa de travail n’est pas très difficile si on envoie notre candidature alors qu’on est encore étudiant, donc, je dois trouver du travail avant mon diplôme, avant que mon visa étudiant expire, sinon, je ne pourrai pas rester », s’inquiète Zhao Shuqi.

Les entreprises s’en inquiètent, estimant que la qualité des chercheurs d’emploi du pays va en pâtir.

Instaurer des frais de scolarité était nécessaire, reconnaît Carl Bennet, fondateur du fonds d’investissement Carl Bennet AB. Mais « nous devons mettre en place les bases pour qu’ils puissent rester travailler en Suède », dit-il à l’AFP.

La présidente de l’Université de Göteborg, Pam Fredman, estime que la Suède met trop de barrières à la délivrance des visas de travail pour des jeunes qui ont passé parfois plusieurs années dans le pays.

En janvier, elle a cosigné avec son homologue M. Gudmundson et plusieurs chefs d’entreprises, dont M. Bennet, une tribune dans le quotidien de référence Dagens Nyheter, appelant le gouvernement suédois à revoir la législation, à offrir plus de bourses et à renforcer les passerelles entre l’université et l’industrie.

« La Suède a besoin de plus de gens hautement qualifiés pour venir travailler ici afin de préserver et développer la bonne santé du pays », estime M. Krantz.

 Source: Le point.fr

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