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Chronique: Où va l’Algérie?

Malgré le froid et le vent, nous étions une vingtaine d’Algériens à nous rassembler devant le Consulat d’Algérie à Montréal le samedi 15 mars à la mi-journée pour protester contre un quatrième mandat et une corruption généralisée en Algérie ; c’est pratiquement le même groupe que celui qui était présent au même endroit une semaine auparavant. C’est ensuite, vers 13 h 30, que nous nous sommes dirigés vers le parc Émilie-Gamelin (Métro Berri UQAM) pour rejoindre la centaine de manifestants répondant à l’appel du mouvement « BARAKAT » que l’on peut traduire par « ça suffit » ou « il y en a marre ». Des slogans de protestation y étaient scandés et des chants nationalistes, en Arabe et en Berbère, fusaient des enceintes installées là pour l’occasion. Nous pouvions lire sur les pancartes « Algérie libre et démocratique », « non à la répression », « système dégage », « non au 4e mandat », « le temps des dinosaures est révolu », « non au système corrompu » ou encore « où va l’Algérie ? ».

Le point commun entre toutes ces personnes n’est ni l’âge, ni le statut social, mais un ras-le-bol généralisé. Lors d’interviews avec des manifestants, le mot qui revient cycliquement est le mot « marre ». Marre du pouvoir, du système, de la corruption, de la répression et la liste est longue. Leila, une femme d’une cinquantaine d’années, témoigne avec beaucoup d’émotion « j’ai quitté l’Algérie il y a longtemps pour offrir à mes enfants la chance de réussir. J’y retourne souvent pour rendre visite à ma famille et à chaque fois, je pleure lorsque je vois ce que l’on a fait de ce pays qui dispose d’un immense potentiel. Aujourd’hui, je ne peux pas rester les bras croisés en contemplant de loin la chute de mon pays ».

Al1Oui, la chute du pays des martyrs, morts au nom de la liberté, la chute d’une Algérie qui, jadis fût le pays des révolutionnaires, respectés dans le monde entier pour leur résistance farouche face au colonialisme français.

Comment peut-on avoir la conscience tranquille, alors que nos frères et nos sœurs se voient privés de leur droit fondamental de s’exprimer, alors que notre pays se voit confisquer le droit à la dignité. Après l’accaparement du pouvoir par des clans corrompus, les coups d’État, la fraude électorale, le meurtre du président Boudiaf (29 juin 1992), une décennie de massacres sanglants, un demi-siècle de pillage ; nous voilà, encore une fois, confrontés à l’humiliation d’avoir comme candidat aux élections présidentielles un homme qui ne s’est pas adressé à son peuple depuis mai 2012 pour des raisons de santé ou, pire encore, par indifférence. Un homme atteint d’un AVC (accident

vasculaire cérébral) en avril 2013 et hospitalisé en France (Val-de-Grâce puis à l’institution nationale française des Invalides à Paris) où il y séjourna jusqu’en juillet 2013.

Al2Lorsque Leila parle de « potentiel algérien », ce n’est pas de la fierté mal placée ; c’est un fait : Onzième plus grande réserve mondiale de change (200 milliards de dollars) grâce à l’exploitation des ressources sous-terraines par des multinationales voraces, un immense territoire (2 380 000 km2), une position géographique stratégique, une population très jeune (70 % des 38 millions d’habitants ont moins de 30 ans). Malgré tous ces atouts, le bilan économique et social est désastreux : 30 % des Algériens vivent en dessous du seuil de pauvreté, un taux de chômage de 20 %, une corruption qui a coûté plusieurs dizaines de milliards de dollars, une économie quasi-dépendante des hydrocarbures (98 % des recettes en devises y sont puisées), une agriculture si faible qu’elle fait de nous le 3e plus gros importateur de blé mondial, une industrie qui ne représente que 5 % du PIB, des infrastructures hospitalières à l’abandon, un système scolaire désuet, une justice à deux vitesses, des conflits inter communautaires qui vont en s’aggravant, et la liste est encore longue.

La raison aurait voulu qu’après trois mandats correspondant à 15 ans de règne (1999-2014) et un tel bilan, cet homme malade se retire de la scène politique. Mais non! Le revoilà briguant une quatrième mandature. Soutenu par une armée de lèches-bottes inquiets de voir leurs intérêts remis en cause par l’arrivée d’une nouvelle administration à la tête de cette vache-à-lait qu’est l’Algérie.

Dans ce contexte qui ne prête pas à l’optimisme, nous entendons, ici et là, que cette contestation a pour origine des forces occultes. En fait, politiciens et hommes d’affaires algériens et étrangers se soutiennent pour maintenir le statuquo.

Même si je suis loin d’elle, l’Algérie est mon pays. Ce qui s’y passe me concerne. J’y suis né et j’y mourrai.

Salim B.

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