Dernières infos

L’économie togolaise victime collatérale de la « petite guerre » aux frontières que se livrent le Nigeria et le Bénin

Lomé, capitale du Togo

L’économie togolaise devient la victime collatérale de la petite guerre commerciale que se livrent le Nigeria et le Bénin. Un des principaux changements observés au cours des six derniers mois concerne les transports à Lomé. Que ce soient chez les taxis ou les moto-taxis, les tarifs ont été légèrement augmentés. « Le carburant, tonton, est devenu cher […] Maintenant, il faut près de 600 francs CFA pour avoir un litre, c’est devenu trop dur », nous a confié une personne exerçant dans le secteur.

Pourtant, on est loin de la pénurie d’essence dans le pays et la petite crise qui a duré un jour et demi dans les stations s’est rapidement calmée. Les origines de cette situation sont assez complexes et se retrouvent dans des prises de décisions politiques, aussi bien au Nigeria, qu’au Bénin, deux partenaires économiques du Togo. Selon des témoignages dignes de foi, le durcissement par le Nigeria des procédures, à sa frontière avec le Bénin, a entraîné une rupture de fourniture en carburant venant de ce pays.

Or, que ce soit à Lomé (Togo) ou à Cotonou (Bénin), les habitudes de consommation d’essence aux bords des routes sont très ancrées, ce qui a créé un marché parallèle à ciel ouvert du produit. Face aux difficultés de s’approvisionner au Nigeria, la filière a spontanément augmenté les prix pour survivre, exerçant une pression sur la capacité à payer de leurs clients. Au Togo, la question a été vite réglée et les stations-service vendent normalement de l’essence.

Mais pour la filière parallèle, c’est devenu plus complexe. La question du carburant n’est pas la seule situation que vit le Togo du fait des défis à la frontière Bénin-Nigeria. Récemment, on a appris du site d’information Togo First que le gouvernement avait racheté les productions de tomates, pour les distribuer à l’armée, mais surtout dans l’optique de soutenir les acteurs de la filière. En effet, ceux-ci éprouvent de plus en plus de difficultés pour vendre sur le marché nigérian qui est pour eux un gros débouché.

Enfin, au niveau du port de Lomé, les opérations de réexportation vers le Nigeria, via le Bénin, sont moins dynamiques. Le Nigeria a décidé de mettre à contribution sa dizaine de ports, pour assurer un meilleur contrôle des flux de marchandises entrants. Officiellement, le Nigeria déclare avoir voulu réduire les importations aussi bien de voitures que de riz, afin de soutenir le plan de diversification de l’économie.

Dans les coulisses, certains observateurs parlent de cette petite bataille commerciale qui aurait débuté avec les difficultés pour le groupe Dangote Cement à écouler ses produits au Bénin. Aucun document officiel ne confirme cela. Mais dans leurs hypothèses, les analystes estiment que le deuxième homme noir le plus influent du Monde après le président Barack Obama aurait fait jouer ses leviers. Dans le même temps, un autre poids lourd de l’économie nigériane, l’entreprise de téléphonie Globalcom (Glo) qui appartient à Mike Adenuga, le deuxième homme le plus riche du pays, n’a jamais pu renouveler sa licence au Bénin, depuis 2017.

Source: Agence Ecofin

Laisser un commentaire

Votre adresse de messagerie ne sera pas publiée.




Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.