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Le travail des enfants vu sous l’angle sociojuridique à la conférence FOVA

De gauche à droite: Mme Anite Martin-Marseille, Mme Dorcas Destinoble (DG de Femmes en Emploi), Mme Nadine Francillon (présidente de FOVA), M. Christian Vilney
La Fondation Voix Angélique (FOVA) a organisé le 12 juin à Montréal une conférence consacrée au sujet délicat d’exploitation du travail des enfants pour sensibiliser les gens à ce problématique qui touche le monde entier et pas seulement les pays en développement.

La moderatrice de la conférence Mme Maudeleine Myrthil, la présidente de la Jeune Chambre de Commerce haïtienne, a présenté les trois conférenciers et a porté l’attention au fait que malgré la diminution du nombre d’enfants exploités d’un tiers depuis 2000, passant de 246 à 168 millions d’enfants âgés de 5 à 17 ans, ce changement n’a pas eu lieu de la même façon chez les garçons et les filles, la baisse étant de 40% chez les filles pour seulement 25% chez les garçons.

La première conférencière, Mme Julie Grant, spécialiste en droit et en administration des affaires, a examiné les normes internationales qui protègent les enfants, notamment les conventions de l’Organisation international du Travail (OIT). La Convention no 138 (sur l’âge minimum, 1973) qui fixe à 15 ans l’âge minimum d’admission à l’emploi et interdit le travail dangereux aux travailleurs de moins de 18 ans, a été finalement ratifié par le Canada le 8 juin 2016 et entrera en vigueur en juin 2017. En l’absence de cette norme, le travail des enfants au Canada était toujours réglementé par le consentement des parents. Selon Mme Grant, il est toujours difficile d’obtenir des données pertinentes à ce sujet et renforcer les sanctions en cas d’abus dans le contexte de travail domestique.

La deuxième conférencière, Mme Anite Martin Marseille, travailleuse sociale et co-fondatrice de Femmes en Emploi, a centré sa présentation autour de la situation des enfants dans son pays d’origine, l’Haïti, qui occupe la 3e place dans le monde selon le nombre d’enfants exploités, et le phénomène des Restavèk qui concerne environ 400000 enfants en Haïti dont ¾ sont des filles. Le terme « restavèk » sert à désigner des enfants traités comme domestiques sans aucun respect pour leur dignité et représente l’un de pires formes de travail des enfants. Pour contrer ce phénomène et améliorer la situation des enfants des nombreuses actions sont mises en oeuvre par les organismes de la société civile, mais il est également important de viser les facteurs qui contribuent à la propagation de ce phénomène, notamment rendre l’éducation accessible à tous les enfants (90-95% des écoles en Haïti sont des écoles privées), accompagner les parents et éradiquer la pauvreté.

Le dernier conférencier, M. Christian Vilney, membre du Conseil d’administration de Femmes en Emploi, de l’ACSALF (Association canadienne des Sociologues et Anthropologues de Langue française) et du CRIDAQ (Centre de Recherche interdisciplinaire sur la Diversité et la Démocratie), a abordé les aspects sociologiques de l’exploitation des enfants. Il était clair dans son discours : les enfants en aucun cas ne devraient travailler, et leur exploitation dans les chaines de production est immorale. M. Vilney a illustré ses propos par les données de l’UNICEF (près de 73 millions d’enfants qui travaillent ont moins de 10 ans dont 22 millions meurent chaque année, 120 millions d’enfants âgés de 5 à 14 ans travaillent à temps plein, etc.) et expliqué les mécanismes économiques et sociaux qui encouragent cette pratique (maximisation des profits suite à la réduction des coûts de production, délocalisation et transfert des capitaux). Pour éradiquer ce problème à l’échelle mondiale, M. Vilney voit la solution dans l’adoption du programme mondial de développement durable, la lutte contre la pauvreté et le chômage des adultes, ainsi que dans la sensibilisation des consommateurs et les mesures juridiques préventives et punitives.

Par V. Lim

1 Comment on Le travail des enfants vu sous l’angle sociojuridique à la conférence FOVA

  1. Merci Monsieur Lim pour l’article. Je viens d’en prendre connaissance.

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