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FarmApp, une application qui veut résoudre les problèmes de transhumance au Togo

La transhumance des bœufs entraîne des conflits entre bouviers nomades et agriculteurs. Des morts d’hommes s’ensuivent souvent mettant en mal la cohésion entre communautés. Des situations auxquelles tente de répondre le jeune togolais Agnamba Ossara en créant FarmApp.

La trajectoire du jeune togolais le prédestinait à cette invention. Il est passionné par tout ce qui est digital et agriculture. Avant d’arriver à créer FarmApp, Agnamba Ossara a fourbi ses armes à Dashmake, une start-up togolaise spécialisée dans la création de diverses applications. Elle compte à son palmarès plusieurs prix nationaux, sous-régionaux et internationaux.

Parallèlement au digital, le jeune Ossara est étudiant en entomologie, la science qui étudie les insectes. Un cursus qui l’a amené au Ghana où il est actuellement inscrit en master. « En agriculture le plus gros problème, ce sont les insectes. Ils mangent ou détruisent les feuilles, les graines, les racines et les récoltes. Le master que je fais étudie ces insectes pour voir dans quelles manières les contrôler durablement pour qu’ils trouvent à manger sans causer d’énormes pertes aux agriculteurs », explique-t-il.

Agnamba Ossara espère un jour créer une application basée sur les cris ou le comportement des insectes. Le but, dit-il, « n’est pas de les éliminer mais de perturber leurs activités pour qu’ils ne se retrouvent pas ». « Ils ont un rôle à jouer dans la nature et le monde agricole », souligne le jeune inventeur. Mais en attendant, il a créé FarmApp, une application destinée à prévenir ou à éviter les conflits transhumants.

FarmApp, comment ça marche

« L’éleveur transhumant émet un signal afin que l’on puisse connaître sa position. Le collier du bovin qui reçoit le signal permet de retracer son chemin. L’application dispose aussi d’une plateforme web. Elle est destinée aux gouvernements et aux points focaux » explique Agnamba Ossara dans un entretien accordé à nos confrères d’Afrique Agriculture. Il poursuit. « Puisque les couloirs des transhumants sont mappés, ces deux récepteurs ont sur leurs ordinateurs une cartographie des points d’eau, des zones de pâturage et des couloirs de transhumance », car dit-il, cela leur permet de suivre le déplacement des troupeaux. Si un transhumant s’écarte de la piste, ils peuvent directement l’appeler sur son portable pour le ramener sur le chemin tracé ».

Selon son concepteur, « FarmApp va aider à gérer les troupeaux, les pâturages, et à éviter le surpâturage ». Elle est munie d’un système de GPS qui filme fidèlement une carte. « De manière régulière, des drones survoleront les zones afin de cartographier les sources d’eau, les points de pâturage et autres avant la période des transhumances. Ces données seront convoyées vers les zones de départ pour permettre aux transhumants de se repérer avec exactitude », souligne l’inventeur Ossara dans l’interview accordée au journal agricole citée plus haut.

De manière pratique à éviter les conflits entre éleveurs nomades et agriculteurs, il explique que « pour un transhumant qui quitte son pays d’origine avec par exemple 1000 têtes de bœuf, en moyenne 100 bêtes seront équipées de colliers avec des capteurs ». Lorsque le transhumant, ajoute Agnamba Ossara, emprunte le couloir tracé, « on repère en temps réel où il va. A chaque point d’eau ou de pâturage, le collier va émettre un signal que les balises recevront. On saura alors qui fait quoi, à quel endroit, et à quelle heure. S’il arrive un conflit dans une zone, il est facile d’identifier le troupeau qui était là à ce moment à précis. Il suffit que le transhumant active le GPS au moyen d’une tablette pour qu’on puisse le suivre ».

Visiblement, le jeune togolais issu de Dashmake a tout prévu. Il a pensé aux barrières linguistiques. « J’ai pensé à une fonctionnalité d’écoute en langue locale. Si le bouvier nomade quitte le Burkina Faso, par exemple, le temps qu’il arrive à la zone de pâturage, des informations en langue locale lui seront fournies par appel téléphonique toutes les deux heures. Cela permet de faire un point sur la journée ou de savoir le point d’eau ou la zone de pâturage ».

Le déclic

« Pendant mon cursus universitaire, j’ai remarqué que le digital n’était pas très développé. Que vous soyez agronome ou non, c’est pourtant très important. Donc, il faut se mettre à la page. Aussi à l’extrême nord du pays (Ndrl, Togo), en temps de sécheresse, les populations marchent des kilomètres pour trouver un point d’eau, par ailleurs très souvent souillé par les troupeaux. C’est un gros problème auquel il fallait apporter une solution », justifie-t-il.

Aussi, c’est un rapport de Cirad qui l’a motivé à créer son application. Dans le rapport, il est relevé que la transhumance engendre 20 millions de déplacés en Afrique de l’ouest. La transhumance crée des conflits. Les surfaces cultivables sont endommagées par les bœufs. « De plus, les points d’eau et les zones de pâturage se raréfient. Vous trouvez une zone une année, l’année suivante elle n’y est plus. D’où l’idée d’aider à la prévision », précise le jeune inventeur togolais.

Anani GALLEY, correspondant au Togo

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