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Berbanya ou la Kabylie à la montréalaise !

Il suffisait d’assister au concert de Berbanya inscrit dans le festival Nuits d’Afrique en cette fin d’après-midi du 18 juillet à Montréal pour vivre cette dimension berbère dont nous parlent Yacine et Achour, leaders du groupe. Mais il fallait par contre rester jusqu’à la fin du concert pour voir l’animateur Éric M’Boua crier : « vous savez ce qui est formidable en Algérie c’est…. », pour que le public se mette à pousser des youyous, ces cris de joie venant droit d’Afrique du nord. Grande était mon impression lorsque je découvre qu’en tant que nord- africaine, je n’étais pas la seule avec ma communauté à pousser les youyous ; les gens appartenant à d’autres origines nous ont accompagnées dans notre « rituel symphonique »

Charisme, verbe facile, humour à flot et un concentré d’ondes positives : voilà comment je pourrais résumer la personnalité de Achour, guitariste de Berbanya. Ce groupe algérien kabyle qui a fait bouger un public multi-ethnique au concert inscrit dans le cadre du Festival Nuits d’Afrique le 18 avril dernier. Yacine, chanteur du groupe, plus discret que son ami mais très humble et modeste a une voix tantôt berçante pour les morceaux poétiques et tantôt forte pour les tonalités festives.
Et c’est avec beaucoup de passion pour la culture berbère que ce chanteur à la voix d’or venant droit de la région des oliviers, il y a une quinzaine d’années, nous explique lors d’une rencontre dans un studio de Radio Centre Ville que Bebanya n’est autre que le nom composé de deux termes : « berb » diminutif de berbère et « ania » qui signifie rythme en berbère. Ce qui donne « rythme berbère ». Cette musique nord-africaine accompagnant des textes en kabyle. Achour l’explique ainsi : « le kabyle est l’une des berbérités de l’Algérie et pour n’exclure aucune région, nous représentons toute la dimension berbère ».

Les premiers pas de Berbanya n’étaient pas des plus faciles, puisque le groupe a débuté sur des scènes communautaires et devaient travailler dur pour s’imposer sur la scène montréalaise. Leur premier concert, ils en parlent avec beaucoup d’amusement. Il s’agissait d’un concert organisé en 2003 par l’association Thirouza. Leurs amis en témoignent : « c’étaient et sont toujours – même après le succès – des artistes présents pour n’importe quel action communautaire ou levée de fond. Ils continuent de chanter sans aucun but lucratif mais pour l’amour de la musique berbère-kabyle ». Même modestie, même passion et une amitié dense lient les sept membres de ce groupe multi-ethnique, dont la chevronnée violoniste Brigitte qui a apporté cet air celtique à la musique « berbanyenne » et Sylvain le batteur, un vrai mordu de la musique berbère, sans oublier Hakim le percussionniste, Zahir au clavier et Fateh à la basse.
Du berbère oui mais le groupe n’exclut pas les tons modernes en chantant Montréal. Yacine compose en effet la chanson en 2013, hommage à la métropole qui l’a accueilli et lui a permis, lui et son groupe, de s’exprimer ouvertement dans la langue de leurs aïeux. Une langue consacrée aux autres morceaux, tels que tamtouth qui évoque la femme en tant que pilier de la société, qu’elle soit mère, sœur, amie, épouse « ou maitresse » comme dirait Achour, non sans esquiver un sourire et retrouver juste après son sérieux pour parler de cette femme, cette « tamtouth » qui a toujours été présente, la femme « source de la vie ».
Tamtouth n’est pas la seule poésie réaliste mais itwir (la colombe), chantée dans un chaabi inspiré du style du grand maître Boudjamma El Anka et accompagnés de paroles soigneusement mijotées par Yacine, exprime la douleur d’une mère assistant à l’exil de son fils.

À découvrir absolument sur l’album « L’autre rive ». Très bonne écoute!

Par Souad Belkacem

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