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« Vivre ensemble avec nos différences » : une histoire de solidarité et de compréhension

Colloque à Montréal sur le " Vivre ensemble"

29 janvier 2018. Un an après la fusillade qui eut lieu au Centre culturel islamique de Québec (CCIQ), une série de conférences et d’activités furent organisées sur une période de quatre jours, à la ville de Québec, pour commémorer la mémoire des victimes de l’attentat et promouvoir la solidarité et le vivre ensemble. Le 30 janvier 2018, c’est au tour de la ville de Montréal de rassembler la communauté québécoise à travers son colloque « Vivre ensemble avec nos différences », afin de rendre hommage aux victimes de l’attentat du CCIQ.

C’est dans l’auditorium de la Grande Bibliothèque de Montréal que prend place le colloque « Vivre ensemble avec nos différences ». À l’occasion sont invités plusieurs professeurs universitaires chargés d’ouvrir le débat sur la question du vivre ensemble, des obstacles qui peuvent être rencontrés, et de l’importance de la compréhension et de l’acceptation des différences.

« Nous sommes plus semblables que différents », proclame Pénélope Guay, directrice de la Maison du Missinak et présente au nom de la communauté Innu. « C’est l’affirmer sans répit qui nous permet de vivre ensemble, avec nos différences. »

Nathalie Goulet, responsable de la Sécurité Publique et présente ce jour, nous rappelle que la communauté musulmane, touchée par l’attentat au CCIQ, n’est pas une communauté différente de la communauté québécoise dans la mesure où elle en fait pleinement partie, et qu’en ce sens c’est au Québec tout entier de s’assurer que de tels événements ne se reproduiront jamais.

« Nous devons rester vigilants et alertes, et dénoncer toutes formes de discrimination, de haine raciale ou d’islamophobie », déclare Nathalie Goulet. « Nous devons nous assurer d’éliminer les murs qui séparent les différentes communautés, de faire tomber les préjugés, de déconstruire les stéréotypes et de lancer une réelle discussion pour que nous parlions tous d’une même voix. »

Richard Filion, président du conseil d’administration du Centre de Prévention de la Radicalisation Menant à la Violence (CPRMV), est également présent : « L’événement commémoratif d’aujourd’hui est important parce que c’est un moment qui nous permet de revenir sur les causes qui ont pu produire une telle tragédie […]. C’est un moment qui nous permet aussi de comprendre à quel point l’ignorance et la peur nourrissent les préjugés, et que ce sont ces préjugés-là, dans quelque sphère d’activité ou dans quelque phénomène de la vie publique et de la vie sociale que l’on vit, qui nourrissent les différences et qui attisent les haines. »

Faisant suite aux discours d’introduction du colloque, une vidéo commémorative en l’honneur des victimes a été diffusée, succédée par une prière coranique récitée en arabe par le docteur en théologie Boualem Djouhri, prière qu’il a par la suite traduite pour les auditeurs présents ne parlant pas la langue.

Après une minute de silence en hommage aux victimes du CCIQ, c’est au tour du collectif Les Pentures, en collaboration avec le CPRMV, de présenter à l’auditoire quelques extraits de leur pièce de théâtre à venir, Embrigadés. Le but d’un tel spectacle est de démontrer que les chemins menant à la radicalisation et à la violence sont aussi nombreux que différents, et qu’« il existe autant de chemins dans la radicalisation que de radicalisés » (Vincent, membre du collectif Les Pentures et acteur de la pièce Embrigadés).

C’est ensuite au tour des panélistes de faire leur entrée. Sont invités pour l’occasion Me Hocine Gaham, chercheur, islamologue et auteur de nombreux ouvrages portant sur la question de l’Islam et de l’islamologie ; Rachad Antonius, professeur en sociologie à l’UQAM et auteur de nombreux textes portant sur la question des représentations de l’Islam et des musulmans au Québec, et notamment dans les médias ; Solange Lefebvre, titulaire de la chaire en Gestion de la Diversité Culturelle et Religieuse à l’Université de Montréal ; et Fayrouz Fawzi, professeure et chercheure en sociologie, plus particulièrement en sociologie de l’immigration.

Dans son panel, Me Hocine Gaham rappelle que les extrémistes islamistes si souvent associés au terrorisme ne représentent en réalité qu’une minorité comparativement à l’entièreté de la communauté musulmane, qui d’ailleurs condamnent de tels extrémismes. Il rappelle également que contrairement à l’image que l’on peut s’en faire, les musulmans sont un peuple possédant une grande facilité d’adaptation, prenant ainsi en exemple les sociétés européennes dans lesquelles ils sont parfaitement intégrés.

Rachad Antonius, quant à lui, met en avant le fait que le terrorisme est trop souvent expliqué par la haine alors que pour véritablement le comprendre, c’est aux phénomènes nationaux, à la marginalisation, à l’instabilité économique qu’il faut se référer pour expliquer la naissance du terrorisme qui est, selon lui, un moyen politique d’action avant tout.

Troisième panéliste du colloque « Vivre ensemble avec nos différences », Solange Lefebvre évoque le fait que bien que les médias aient participé à la propagation de l’image que l’on peut se faire des musulmans et de l’Islam, ils ne sont cependant pas les seuls à blâmer car ils dépendent avant tout des discours qui leur sont tenus et que, de ce fait, ce sont aux messages que l’on transmet, aux discours que l’on fait de changer de sorte à refléter une plus grande réalité.

« Les médias finalement sont dépendants de ceux qui leur parlent », révèle-t-elle. « Ils sont dépendants de ceux qui rapportent les faits. Ils sont aussi dépendants des experts, comme moi, qui leur parlent. »

Dernière panéliste, Fayrouz Fawzi met l’accent sur le fait que l’immigration entraîne des enjeux pouvant être difficiles à surmonter, car elle demande une adaptation rapide des immigrés à leur nouvel environnement. Un environnement qu’ils peuvent parfois avoir du mal à comprendre car différent de ce qu’ils connaissent, mais qui peut lui aussi avoir du mal à comprendre ces nouveaux venus. Selon elle, la peur et la haine naissent surtout de l’incompréhension et de la méconnaissance de l’autre, et que c’est en apprenant à connaître l’autre, en acceptant ses différences et en cherchant à comprendre ses origines, ses valeurs, ses croyances, que le vivre ensemble devient alors possible.

Par Héloïse Maréchalle

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